"Comme dans Les braises (1942), Le nouveau seigneur (1862) se déroule « quelque part en Hongrie », dans un environnement de châteaux et d’entre-soi, mais tout de même à portée de calèche de « Pest » et, surtout, dans l’orbite de Vienne. Comme dans le roman de Sándor Márai, celui de Mór Jókai met face à face deux vieux hommes au caractère intransigeant. La comparaison s’arrête là, entre autres parce que ces deux hommes ne sont que nouvellement voisins et, plutôt que d’être séparés par la mémoire d’une trahison ancienne, c’est leur appartenance à deux camps nationaux récemment opposés qui les pousse d’abord à s’ignorer mutuellement.
Le premier homme, Adam Garanvölgyi, est un fier Hongrois, certes appauvri par le nouveau régime impérial mais fidèle à la mémoire de la guerre d’indépendance hongroise de 1848-9 ; son nouveau voisin, le chevalier von Ankerschmidt, est un vieux militaire autrichien, guidé à la fois par l’honneur et le pragmatisme. Le premier a un neveu qu’il aime comme un fils mais qui, lui aussi révolutionnaire, se languit en prison ; le second a deux filles dont la plus jeune, Elisa, a les « mains mignonnes », les « joues vermeilles » et les « yeux pétillants » qui conviennent à une jeune héroïne de cette période, mais elle a aussi l’esprit vif, et l’amour de la justice hérité de son père.
Autour d’eux, il y a une bonne dizaine de personnages – le régisseur, l’avocat, la fiancée, le renégat, la gouvernante, un petit page – et on devine très rapidement lesquels font partie des méchants et lesquels, au contraire, des gentils (il y a aussi quelques naïfs). Assez rapidement aussi, on sait que les bons seront récompensés (ce sera le chapitre XXX) et les méchants punis (au cours des chapitres suivants), ce qui fait qu’on peut tourner les pages sans se faire trop de soucis pour les personnages (en tout cas pas pour les gentils), même s’il s’avère qu’il y aura quand même une victime collatérale en la personne de la fille aînée du chevalier, qui n’a qu’un rôle mineur mais qui se termine de manière assez affreuse." La suite sur passagealest.wordpress.com
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