L'écrivain hongrois, Sándor Márai (1900-1989).
Photographie prise le 3 mars 1911 - Anonyme / domaine public, CC0, via
Wikimedia Commons
"Écrivain de l’exil et du souvenir, Sándor Márai contemple les remous de l’Histoire, les passions du monde moderne et le déclin de la mémoire européenne. Il incarne la nostalgie d’un certain passé. Ni fasciste, ni communiste, il n'avait confiance ni dans la nature de l’homme et ni dans sa culture.
Avec
- Catherine Fay Traductrice
- Brice Couturier Essayiste, journaliste, producteur de radio
On raconte que Sándor Márai
est né en 1900, dans la bourgeoisie de Kassa, en Autriche-Hongrie,
aujourd’hui slovaque, puis a grandi à Budapest et entamé, très jeune, sa
carrière littéraire. Mais à lire son œuvre, une idée nous saisit :
Sándor Márai n’est pas né en 1900 mais peut-être bien plus tôt, à l’aube
des temps européens, à l’âge d’Homère. Son œuvre est teintée d’une
délicate retenue et d’une profonde nostalgie, son Journal et ses Mémoires de Hongrie, les décors multiples de ses romans : la Rome Inquisitoriale dans La nuit du bûcher, la Venise de Casanova dans La conversation à Bolzano, la Vienne de l’âge d’or austro-hongrois dans Confessions d’un bourgeois ou Dernier jour à Budapest.
Sándor Márai
contemple les remous de l’Histoire, les passions du monde moderne et le
déclin de la mémoire européenne. Il est un écrivain de l’exil et du
souvenir. Il incarne la nostalgie d’un certain passé. Déraciné de son
Europe du centre après la seconde guerre mondiale, il est le témoin de
l’arrivée surréaliste des Russes soviétiques en terre hongroise, ces "Bohémiens dépenaillés, ce cirque ambulant, mystérieux et redoutable, venu du fond de l’Asie"
comme il l’écrivait. Dans son odyssée mélancolique, Márai a vécu en
Italie, puis aux États-Unis : Salerne, New York et San Diego, où il
mourut en 1989. Il disait de lui-même : "Au début, cela me faisait
sourire de voir qu’on me classait toujours du côté opposé. Aux yeux des
fascistes, j’étais un homme damné, destructeur, un agent de Moscou… Aux
yeux des communistes, j’étais un suspect, un fasciste déguisé. Je dois
être sur la bonne voie, puisque je suis suspect pour les deux bords. Ni
fasciste, ni communiste. Je suis simplement un homme qui n’a pas
confiance dans la nature de l’homme… ni dans sa culture".
À réécouter :
Sándor Márai (1900-1989)
Catherine Fay
est la traductrice de Sándor Márai depuis une quinzaine d’années pour
les éditions Albin Michel et vient d’achever la traduction du troisième
et ultime volume du Journal de Márai, à paraître en automne 2023
Brice Couturier est
essayiste, journaliste, producteur de radio et a largement contribué à
la diffusion de l’héritage littéraire et philosophique de l’Europe
centrale, en France.
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Générique
- [Livre] Sándor Márai, Journal - volume 1 et volume 2, traduction de Catherine Fay, éditions Albin Michel
- Nicolas Weill (sous la dir. de), Existe-t-il une Europe philosophique, éditions Presses universitaires de Rennes (avec contribution de Brice Couturier)
- [Musiques] Angélique Ionatos, Si tan solo
- [Musiques] Hobo Blues Band, Adjatok a Hutyáknak Húst
Source :
radiofrance.fr