Par Pierre Waline
"Le 8 mars 1857, des ouvrières américaines du textile auraient manifesté en masse pour la reconnaissance de leurs droits… Sauf que … cette manifestation n´a probablement jamais eu lieu, dit-on. Peu importe, il n´en fallut pas davantage pour que l´ONU décrétât en 1977 cette date „Journée internationale (des droits) des femmes”. Bien avant, des „Journées de la Femme” avaient été instituées un peu partout: aux Etats-Unis en 1909, suivies par l’Internationale socialiste en 1911, reprises en Union soviétique en 1921, puis dans les pays du bloc sur la fin des années quarante (Hongrie: 1948), enfin en Belgique en 1972. Sans oublier les Journées des ouvrières tenues dès avant la Première Guerre, dont la plus mémorable s´est tenue à Berlin le 8 mars 1914, journée de revendications, les femmes réclamant notamment le droit de vote. Journée qui va donc être célébrée un peu partout (… ou presque) ce 8 mars. Dans la plupart des cas rebaptisée „Journée de la Femme”, cette célébration, sans renier sa motivation d´origine, est surtout devenue une occasion de célébrer le rôle de nos compagnes dans la création en général (musicale,
artistique, littéraire, scientifique, cinématographique et mille autres domaines).
Il n´est bien évidemment pas question de citer ici leurs noms qui occuperaient un volume entier, de George Sand à Camille Claudel, de Margit Kaffka à Magda Szabó, de Marie Curie à Katalin Karikó et mille autres… Rien que dans le seul domaine de la création et de l´interprétation musicales, on les compte par dizaines, voire davantage. Nous nous bornerons à évoquer quelques manifestations montées à cette occasion." La suite sur francianyelv.hu
Analyse. Il en va des anniversaires comme des rencontres de famille : tous n’ont pas vocation à être d’heureux événements et la bonne ambiance fait parfois office de façade. Le trentième anniversaire du groupe de Visegrad (V4), plate-forme de coopération entre la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, célébré le 17 février au château de Wawel, la résidence et nécropole des rois de Pologne, à Cracovie, a montré que le « club » d’Europe centrale, en dépit de sa communauté de destin et d’intérêts potentiels soulignée à souhait, est en train de vivre une crise existentielle majeure.
Fondé en 1991, le groupe avait pour objectif d’accompagner ses pays dans leur adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à l’Union européenne (UE). Les années qui ont suivi ont constitué une véritable « success story » européenne : non seulement le groupe V4 a rempli ses objectifs premiers, mais il est aussi devenu l’une des régions de l’UE les plus dynamiques économiquement, longtemps comparée aux « tigres » asiatiques. Puis il y a eu la dérive autoritaire et « illibérale » de la Hongrie de Viktor Orban, puis, quelques années plus tard, celle de la Pologne de Jaroslaw Kaczynski. C’est cet écart par rapport aux valeurs européennes fondamentales qui a fini par avoir raison de la cohésion politique du groupe
Le temps de l’alliance autour de la crise migratoire, où le groupe V4 était au diapason pour dénoncer de manière virulente sur la scène européenne le système de relocation automatique des migrants, est révolu. Un clivage clair apparaît désormais entre, d’un côté, une alliance polono-hongroise qui octroie au groupe V4 un dessein quasi messianique pour « réparer » l’UE et y exporter sa vision souverainiste, identitaire et « illibérale » de la démocratie et, d’autre part, un couple République tchèque-Slovaquie qui non seulement est loin de partager cette vision, mais va jusqu’à remettre en question la raison d’être politique du groupe.
Ambitions diamétralement opposéesCes dissonances sont apparues au grand jour le matin même du sommet, par tribunes interposées. A un texte de Viktor Orban appelant les membres du groupe à s’unir pour défendre « l’identité chrétienne européenne » contre ses « ennemis intérieurs et extérieurs », le ministre des affaires étrangères slovaque, Ivan Korcok, a répondu en des termes sans équivoque. « Insister sur le fait que le groupe V4 doit agir comme un bloc politique au sein de l’UE n’est pas une bonne idée. » Car qu’en serait-il si tout le monde, en Europe, faisait de même ? Quant « aux appels à s’unir pour apporter un modèle de gouvernance et d’intégration alternatif (…) : ils ne sont pas de l’intérêt de la Slovaquie »." La suite sur lemonde.fr (article payant)