mardi 9 juillet 2019

«Les signes d’hostilité en direction du milieu académique et intellectuel hongrois se multiplient»

"Dans une tribune au « Monde », l’historienne Sonia Combe dénonce notamment la fermeture des archives du philosophe Georg Lukacs et la multiplication des freins à la recherche sur ses travaux.
Tribune. On se souvient que, en mars 2017, sur une proposition du parti fascisant Jobbik, approuvée par le conseil municipal de Budapest, la statue de Georg Lukacs (1885-1971) avait été enlevée du parc Szent Istvan. Tandis que le philosophe hongrois (d’origine juive) est de plus en plus souvent traité d’« assassin communiste » dans l’espace public, ses archives sont fermées et inaccessibles depuis plus d’un an. Afin d’être en mesure de continuer l’édition de textes inédits d’un des philosophes majeurs de la première partie du XXe siècle, la Fondation internationale des archives Lukacs (LANA) à Budapest vient de lancer un appel pour financer le travail en cours de chercheurs désormais privés de tout soutien institutionnel.
Conservées dans l’appartement qu’occupa Georg Lukacs jusqu’à sa mort, au 5e étage d’un immeuble situé en bordure du Danube, les archives du philosophe ont longtemps vivoté. Certes, l’état des vitres, proches de la couleur sombre du fleuve, empêchait de voir le célèbre hôtel Gellert de l’autre côté de la rive, mais les chercheurs y étaient accueillis dans les meubles et la bibliothèque du philosophe. Entourés de ses livres, ils pouvaient même travailler assis à son bureau. Peut-on imaginer environnement plus propice à la réflexion sur une œuvre que le lieu où elle a été produite ?
Ce fut possible jusqu’à ce que, en 2012, sous le gouvernement de Viktor Orban, élu deux ans plus tôt, les archivistes en charge du fonds soient remerciés et les archives expédiées à la bibliothèque de l’Académie hongroise des sciences, héritière de Lukacs. Le prétexte était flou. Il était cependant plus ou moins question de rénovation de l’appartement.

Le fonds dispersé

Quatre ans plus tard, en 2016, l’Académie des sciences faisait savoir qu’elle allait disperser le fonds. Remettre en cause le principe de l’unité d’un fonds laisse généralement entrevoir le pire. Des intellectuels s’y étaient alors opposés et étaient parvenus à faire reculer la direction grâce à une pétition lancée par la Fondation des archives Lukacs. Pour peu de temps cependant.
Le 24 mai 2018, l’Académie des sciences, dont les subventions ne cessent de diminuer, prenait la décision de ne plus rendre accessibles aux chercheurs les archives du philosophe, interrompant les travaux de numérisation et de recherche (par chance il existe un inventaire)." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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