Un livre de philosophie peut parfois se lire comme un récit à intrigue, à
suspens, à surprises.
Mais nous pourrions entendre ce propos en l'inversant: le récit à
intrigue peut se révéler pleinement philosophique.
Trembler pour l'autre pose ainsi les jalons d'une histoire alternative
du cinéma de fiction, où textes et images s'éclairent mutuellement au
cours d'un dialogue fécond avec la pensée - en particulier avec celle
d'Emmanuel Levinas.
De même en va-t-il avec la notion de « substitution », qui se trouve au
principe même de la mise en scène dans Solaris de Tarkovski. Ici le
surnaturel - ou l'inspiration - ébranle en profondeur toute théorie de
la connaissance.
Cet ébranlement est également bien présent dans les films
de Béla Tarr. En particulier dans Les harmonies Werckmeister, où le
visage de l'autre s'expose dans sa fragilité, et fait surgir la honte
chez le sujet.
Enfin, la notion de « subjectivité» comprise selon les termes du
penseur, est un tenant-lieu de ce qui n'a pas lieu, du tiers exclu
toujours en exil, qui ne saurait apparaître que sous le masque de la
comédie. Tel est le ressort d'un film sérieusement drôle et drôlement
sérieux: Zelig de Woody Allen.
L'ambition de ce livre est donc bien de montrer comment sont liées
réflexion et représentation.
Et peut-être le dépassement de cette dernière est-il, depuis longtemps
mais sans qu'on y soit toujours attentif, l'une des sources de la
modernité, tant en art qu'en philosophie.
Éditeur
: DU PALIO
Date de parution
: 25/02/15
240 pages
Prix : 20 €
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