jeudi 26 septembre 2019

« Journal. Les années hongroises 1943-1948 », de Sandor Marai : un flamboyant dégoût

"Des extraits choisis dans l’étonnant « Journal » de l’écrivain hongrois paraissent, qui racontent les années 1943-1948, à Budapest, avant son exil.
L’un des plus grands écrivains hongrois, Sandor Marai (1900-1989), idole des lettres magyares qu’on reconnaissait dans les rues de Budapest, finit par être dégoûté de sa patrie qu’il quitta en 1947 pour l’Europe de l’Ouest, puis pour les Etats-Unis, où il devait se donner la mort. Les premières années de son monumental Journal, qu’il a tenu de 1943 à son décès (dix-huit tomes en tout) documentent magnifiquement cet écœurement. Le voilà pour la première fois traduit en français, dans une riche sélection qui couvre les années de guerre et la préparation à l’exil. Sans doute Marai est-il devenu diariste dans le but de marquer les étapes de cette déprise, tant le genre du journal porte son auteur à la plainte et à l’élégie… Celui-ci en publia d’ailleurs des portions de son vivant, préalablement expurgées, ayant pleinement conscience que ses notes étaient destinées, tout ou partie, à la lecture d’autrui. La finesse des observations, la beauté exceptionnelle des descriptions, les morceaux de bravoure en font une œuvre à part entière, peut-être la plus importante qu’il ait laissée.

Horrifié par le déchaînement d’antisémitisme meurtrier
Comme son contemporain, le Roumain Mihail Sebastian (1907-1945 ; Journal (1935-1944), Stock, 1998), Sandor Marai s’inscrit dans cette élite morale dont ni l’esprit démocratique ni la décence n’ont été altérés par le fascisme, la violence du temps et l’inversion des valeurs due à la guerre. Marié à une juive, Lola, dont le père sera assassiné à Auschwitz malgré ses interventions, il est horrifié par le déchaînement d’antisémitisme meurtrier qui va saisir la Hongrie, surtout après l’invasion allemande de 1944, et par la participation active des gendarmes et de la population hongroise à la déportation et au pillage, amenant ce chroniqueur et journaliste prolifique à se replier dans un silence ­volontaire." La suite sur lemonde.fr (article payant)

« Journal. Les années hongroises 1943-1948 » (A teljes naplo), de Sandor Marai, traduit du hongrois par Catherine Fay et Andras Kanyadi, Albin Michel, 528 p., 25 €.

1 commentaire:

  1. ..."La finesse des observations, la beauté exceptionnelle des descriptions, les morceaux de bravoure en font une œuvre à part entière, peut-être la plus importante qu’il ait laissée." C'est aussi mon avis!

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.