"La littérature traduite est le plus souvent perçue comme une porte ouverte pour le lecteur vers une culture et un pays étranger : une manière d’accéder à un pays en restant chez soi et sans même devoir apprendre la langue locale. On apprécie certes la singularité d’un auteur, sa « plume », mais surtout le goût d’étrangeté qu’il apporte : on ne lit plus un grand auteur, mais un grand auteur américain, grec ou allemand. On peut donc facilement tomber dans l’écueil d’associer la littérature traduite à une forme de littérature de terroir, la nationalité de l’auteur nous indiquant une destination à découvrir, une société, une culture, un environnement. On lira de la littérature suédoise pour frissonner, de la littérature russe pour vivre de longs voyages en train et des histoires tragiques.
Ce piège est bien difficile à éviter, quelle que soit notre bonne volonté ; les représentations collectives d’un pays ou d’une littérature nationale sont suffisamment prégnantes dans nos esprits pour créer un certain horizon d’attente. C’est pourquoi il est particulièrement intéressant, et même important, de déjouer ces horizons d’attente, et d’offrir au lecteur un texte qui le dépayse vraiment, qui ne lui offre pas ce qu’il attend, qui, parfois, ne l’emmène même pas dans les territoires géographiques qu’il pensait retrouver. C’est précisément ce genre de surprises auxquelles on a le plaisir de se confronter lors de sa lecture des livres de la collection de littérature traduite de Cambourakis, en particulier en ce qui concerne la Hongrie, pays où la question d’une culture nationale est particulièrement problématique." La suite sur mondedulivre.hypotheses.org
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