mercredi 17 juin 2009

Cycle chefs d'oeuvre du cinéma hongrois à la Filmothèque du Quartier Latin du 19 au 23 juin 2009

Au programme:

Ouverture
Vendredi 19 juin à 21h avec la projection de Colonel Redl d'Istvan SZABO

Projection suivie d’un débat en présence de Simon Shandor,
producteur, scénariste et distributeur (Clavis films).


Samedi 20 juin : 18H AMOUR de Karoly MAKK

Séance présentée par Yvette Biro, cinéaste, écrivain,
et Irena Bilic
, cinéaste, Présidente et Fondatrice du Festival L'Europe autour de l'Europe.


Dimanche 21 juin : - 14H JOURNAL INTIME de Márta MESZAROS - 18H COLONEL REDL d'István SZABO

Lundi 22 juin : 20H JOURNAL INTIME de Márta MESZAROS

Mardi 23 juin - 19H30 AMOUR de Karoly MAKK - 21H15 COLONEL REDL d'István SZABO

Voici quelques informations sur les films et leurs auteurs...

Colonel Redl (Oberst Redl)

Fiction, Hongrie/Autriche/Allemagne/Yougoslavie, 1985, 144’, Couleur
Avec Klaus Maria Brandauer, Hans Christian Blech, Armin Mueller-Stahl Gudrun Landgrebe, Jan Niklas, László Mensáros, András Bálint, László Gálffi, Dorottya Udvaros…

Empire austro-hongrois, quelque temps avant l’attentat de Sarajevo. Alfred Redl, d’extraction modeste, individu brillant, a réussi à entrer à l'école militaire. Vouant une fidélité sans faille au Kaiser, Alfred gravit de nombreux échelons, n'hésitant pas à renier ou trahir sa famille, ses amis, voire lui-même.
Le Redl de Szabo est un personnage beaucoup plus sympathique qu’il ne l’a été dans la vraie vie et son histoire n’est pas seulement une histoire sensationnelle de trahison, sexe, espions et suicide. La trahison n’est pas ce qui intéresse Szabo. Il se concentre sur l’identité de Redl et sur comment la volonté du Colonel d’être ce qu’il n’est pas le mène à la chute.
Au coeur de la personnalité de Redl on trouve sa gratitude envers l’empereur, pour avoir sorti sa famille de la misère. Cette loyauté inébranlable l’aide à gravir les échelons même quand cela veut dire se détourner de ses amis et camarades. La performance de Brandauer est irrésistible et énigmatique. Sa portée est très large et les émotions les plus subtiles sont montrées sur son visage expressif. Le spectateur ressent chaque moment de joie, de peur et de douleur et cela l’aide à compatir avec le protagoniste.
Colonel Redl est une œuvre de génie, une fable de corruption morale, tromperie et souffrance.
Prix du Jury à Cannes en 1985
István SZABO
Né en 1938 à Budapest, Hongrie. Istvan Szabo entre en 1956 à l'Ecole Supérieure de Théâtre et de Cinéma de Budapest. Dès ses débuts, il obtient des prix: un de la critique hongroise en 1961 pour son court-métrage de fin d'étude Koncert et un autre à Cannes pour Toi. C'est le début d'une longue série de récompenses, son premier long-métrage L'Age des illusions étant couronné à Locarno en 1964. Confiance obtient l'Ours d'argent à Berlin en 1979 est nommé aux Oscars. Mais c'est Mephisto qui remporte en 1981 l'Oscar du Meilleur film étranger, tandis que Colonel Redl reçoit le prix du jury à Cannes en 1985. Malgré cette reconnaissance internationale et la dureté du régime socialiste sévissant en Hongrie, Istvan Szabo ne s'éloigne pas de son pays natal et ne réalise son premier film en langue anglaise qu'en 1990 (La Tentation de Venus). Devenu spécialiste des drames historiques à gros budget (Sunshine, 1999), il réalise aussi des histoires plus intimistes et contemporaines comme Chère Emma (1991). L'oeuvre de ce cinéaste se caractérise par une lumière soignée, fruit de sa longue collaboration avec le chef-opérateur Lajos Koltai (Taking sides, le cas Furtwängler, 2001) et des thèmes récurrents comme la place de l'artiste dans la société (Mephisto), la liberté politique (Confiance) et la mise à mal des idéaux face au carriérisme (Colonel Redl).
----------

Journal intime (Napló gyermekeimnek)

Fiction, Hongrie, 1984, 102’, Noir et blanc
Avec Zsuzsa Czinkóczi, Anna Polony, Jan Nowicki, Mari Szemes, Pál Zolnay, Ildikó Bánsági, Éva Szabó, Tamás Tóth

Ayant perdu père et mère en Russie, pendant les purges de Staline, la jeune Julie revient en Hongrie. Hébergée chez Magda, femme célibataire qui occupe une position de pouvoir au sein du régime, elle se sent de plus en plus opprimée. Se réfugiant dans ses souvenirs et dans le cinéma, elle finit par entrer en contact avec János, jeune ingénieur qui représentera sa seule échappatoire. « L’enfance, par le thème générique du traumatisme, est la terre d’origine de la fiction. Elle est l’enjeu du travail de cinéaste de Márta Mészáros: il s’agirait de garder grâce au cinéma une mémoire du cinéma : « Freud n’a jamais abandonné quelque chose qui peut se formuler de la façon que je viens de dire : réécrire l’histoire, formule qui permet de situer les diverses indications qu’il donne à propos de petits détails dans les récits en analyse. » commente Lacan.
La cinéaste incarne elle-même une recherche cinématographique où tous ses trajets vont donner forme à une enquête très parcellaire sur l’histoire au profit d’une véritable quête inassouvie sur soi-même. Mészáros met en scène un processus d’aller-retour pour rétablir une histoire effacée qui ne relève plus d’un rapport de réalité mais plutôt d’une volonté de produire des preuves de vérité. (…)
L’auto-fiction se propose de retrouver le réel dans la fiction des personnages utilisant les archives comme formes de preuve. L’histoire familiale domine ce réel, dont les frontières ambiguës avec l’imaginaire posent les conditions de passage à l’âge adulte. (…) Ainsi l’Ultime journal prend la forme d’un documentaire de fiction apportant les dernières preuves des films précédents grâce à une enquête de terrain, en fin de compte bouclée. »
Kristian Feigelson in Théorème 7 numéro spécial Cinéma hongrois : le temps et l’histoire, p115, Presses Sorbonne NouvelleGrand Prix au festival de Cannes en 1984.
Márta MESZAROS
Née en 1931 à Kispest, Hongrie.En 1936, son père, le sculpteur Laszlo Meszaros, quitte l’étouffoir horthyste pour l’Union Soviétique. En 1938, au cours d’un séjour au Kirghizistan, il est arrêté et il disparaît. Il avait 33 ans. Sa mère meurt du typhus pendant la guerre. Orpheline donc, elle commence des études secondaires en Union Soviétique, et est ramenée en Hongrie après 1945 où elle vit à l’ombre d’une mère adoptive qui occupe un rang élevé dans l’appareil du pouvoir. Elle bénéficie d’une bourse pour aller continuer ses études à Moscou. En 1956 elle sort diplômée de VGIK (Institut National de la cinématographie) à Moscou. A son retour en Hongrie en 1958 elle met d'abord en scène une trentaine de films scientifiques et documentaires. En 1968 elle réalise son premier film long métrage, Une fille. Elle épouse alors Miklos Jancso, dont le fils, Miklos Jancso Jr., sera le chef opérateur des deux volets du Journal. Elle est auteure d’une quarantaine de films. En 1998 les Editions Wydawnictwo Książkowe "Twoj Styl" ont publié ses mémoires sous le titre Moi, Marta... Elle vit tantôt à Budapest, tantôt à Cracovie, ou bien encore à Varsovie.
----------

Amour (Szerelem)

Fiction, Hongrie, 1971, 84’, Noir et blanc
Avec Mari Töröcsik, Lili Darvas, Iván Darvas, Erzsi Orsolya, László Mensáros, Tibor Bitskey, András Ambrus…

Après l’arrestation brutale et infondée de son époux, une jeune fille s’évertue à protéger sa vieille belle-mère, mourante, de la terrible vérité: János ne reviendra sûrement jamais. Elle invente une image glorieuse du fils, devenu réalisateur à succès en Amérique…
«Si la rigueur du scénario est exemplaire, la mise en scène, toute de retenue, sert admirablement le texte dont elle exprime les nuances avec un maximum d’efficacité, en s’appuyant sur une excellente direction d’acteurs… C’est le mérite actuel du cinéma hongrois que d’être en mesure d’avancer, dans un festival international, de tels films, parallèlement à d’autres de style très différent, plus modernes sans doute à beaucoup d’égards, mais d’un niveau général de qualité rare.»
François Maurin, L’Humanité, mai 1971
« (…) Qualité principale du récit : une grande pudeur dans la peinture des sentiments. Point de rancœur. Les silences de la résignation. Karoly Makk vient même à bout des écueils présentés par le scénario : longueur de temps et de monotonie. L’émotion prise à son degré le plus fin déborde l’obstacle, l’use et l’emporte… »
Louis Chauvte, Le Figaro, mai 1971

Karoly MAKK
Né en 1925 à Berettyóújfalu, en Hongrie. Son premier film, les Pionniers (Uttörök, 1949), interdit par le pouvoir de Rákosi, n'est pas projeté. Il tourne en 1954 Liliomfi, comédie pleine de fantaisie et d'inventions, s'imposant aux côtés de Fabri et de Máriássy comme l'un des artisans du renouveau du cinéma hongrois. Il s'attache ensuite à décrire la réalité contemporaine dans des oeuvres invitant le spectateur à la réflexion (Salle n 9 A 9-es kórterem, 1955 ; En plein dans le mille Mese a 12 találatról, 1956). En 1961, il réalise Les Obsédés (Megszállottak), premier film qui, depuis les événements de novembre 1956, aborde de façon critique la bureaucratie. Cette oeuvre, primée par l'Association des critiques hongrois, ouvre une voie nouvelle de réflexion pour les créateurs. Après une douzaine d'années d'une production peu significative, il refait surface avec la nouvelle génération de cinéastes. Dans Amour (Szerelem, 1970), il brosse un portrait bouleversant de deux femmes dans la période difficile des années 1950. Il réalise ensuite Jeux de chats (1974), Une nuit très morale (1977), Au-delà du mur de briques (1980), Autrement (Olelkezo tekintetek, 1982), Jeu mortel (Die Jäger, 1982), Lilly in Love (Játszani kell, 1984), Le requiem hongrois (Magyar rekviem, 1990), Le joueur (A Játékos, 1997), Un long week-end à Pest et Buda (Hét Pesten és Budán, Egy, 2003)…

Programmation sur le site de la Filmothèque
9, rue Champollion 75005 Paris Tél : 01 43 26 84 65

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.