mardi 11 février 2020

Sandor Marai, la Mitteleuropa sous les bombes

"Le « Journal » de Sandor Marai vient de recevoir le prix Clarens du journal intime. Une immersion poignante dans la Budapest des années de guerre.
« Budapest est en train de périr ces jours-ci. » Nous sommes en 1945, l'occupation allemande est sur le point de prendre fin. L'homme qui trace ces mots désespérés est Sandor Marai, et il a traversé toute la guerre dans la capitale. Peu après, il ira récupérer quelques livres dans les décombres de sa maison. Le prix Clarens du journal intime, dont il s'agit de la première édition, a vocation à couronner chaque année un journal intime publié dans l'année, avec une attention particulière portée à l'héritage humaniste. Ce dernier vibre dans chaque ligne de Marai, exceptionnel témoin de son temps, pour ce premier volume paru en français de son Journal. L'écrivain raconte Budapest sous les bombes, l'occupation nazie, puis l'arrivée des communistes. Et, avec indignation et désespoir, les persécutions contre la communauté juive (à cause desquelles sa femme Lola doit se cacher et son beau-père est déporté). « C'est une honte de vivre. Une honte de marcher au soleil. » D'autres douleurs plus intimes affleurent, dont la mort de son fils. Mais il dit aussi les éblouissements minuscules glanés au fil des jours, tel le souvenir d'un figuier en Bretagne, ou la beauté de l'automne. Il s'étonne : « La prodigalité de la nature est stupéfiante. Les pépins dans une pomme, une orange, un melon : quelle abondance superflue ! La coque d'une noix, quelle prudence ! Et le soin exagéré que prend une noisette pour se protéger ! Un homme, même très précautionneux, est malgré tout plus négligent qu'un fruit ou une plante. » Les livres sont des compagnons qui l'aident à survivre, parmi lesquels les diaristes français Jules Renard, André Gide ou Julien Green. Reste qu'à l'issue de la guerre l'air de Budapest lui sera devenu irrespirable. « Je suis envahi d'un tel mépris, maintenant que j'ai découvert le véritable visage de la société hongroise, que je ne peux plus en guérir. Il faut partir. » Ce sera l'exil, à partir de 1948, en Italie puis aux États-Unis. Il restera fidèle à la langue hongroise." La suite sur lepoint.fr

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