lundi 10 août 2020

La peintre abstraite Judit Reigl est morte

"L’artiste avait fui son pays natal, la Hongrie, pour s’installer à Paris en 1950.
Comme le mouvement, la peinture se démontre parfois en marchant. C’était le cas pour l’artiste Judit Reigl, morte jeudi 6 août, à Marcoussis (Essonne), à l’âge de 97 ans. Née le 1er mai 1923 à Kapuvar (Hongrie), elle a suivi l’enseignement de l’Académie des beaux-arts de Budapest, où elle avait notamment pour condisciple le peintre Simon Hantaï.
Après un voyage d’étude en Italie entre 1946 et 1948, les autorités hongroises lui confisquent son passeport. « Le système politique [prônait] le réalisme socialiste (…), les portraits de Staline… », se souvenait-elle en 2009, dans un entretien accordé à l’ancien conservateur du MNAM-Centre Pompidou Jean-Paul Ameline, l’un des meilleurs connaisseurs de son œuvre, pour le magazine Art in America.

« Automatisme total, global »


Judit Reigl commence donc sa longue marche, en fuyant son pays à pied. Elle échoue huit fois, la neuvième tentative est la bonne. Judit Reigl était obstinée. Elle arrive à Paris en 1950. Hantaï, qui l’a précédée, la présente à André Breton : il l’expose en 1954 dans la galerie L’Etoile scellée, qu’il anime. Elle fréquente les réunions du groupe surréaliste, mais se sent en porte-à-faux : la plupart des artistes privilégient la figure, quand l’écriture automatique, qu’elle a découverte avec eux, la conduit vers l’abstraction. « L’automatisme que j’ai pratiqué était total, global. Mais les surréalistes, dans leur majorité, étaient revenus vers l’imagerie », confiait-elle à Jean-Paul Ameline.
Sa pratique est alors dans la mouvance de l’abstraction lyrique, ou gestuelle. Elle expose dans certaines des galeries les plus en vue de l’époque, comme René Drouin, puis Jean Fournier, ou encore Van Loo à Munich. Chez le premier, elle rencontre Georges Mathieu, dont la technique correspond à ce qu’elle-même cherche : « Il s’agissait de peindre sur des grands formats avec tout le corps, en privilégiant la vitesse d’exécution et sans avoir une conception préalable de l’œuvre à peindre. »
Judit Reigl travaille alors « sans aucun dessin préparatoire ni pinceau : avec les deux mains, en marchant vers la toile, parfois en jetant la peinture à distance ». La série, sa première, est intitulée « Eclatements ». « Cela correspondait aussi à l’éclatement du surréalisme et coïncidait étrangement avec le début de l’insurrection hongroise d’octobre 1956 à Budapest », remarquait-elle." La suite sur lemonde.fr (article payant)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.