vendredi 2 octobre 2020

A Budapest, les relations troubles de « KGBela » Kovacs avec la Russie

"L’ancien eurodéputé du parti d’extrême droite hongrois Jobbik, était accusé depuis 2014 « d’espionnage contre les institutions de l’Union européenne » au profit de Moscou. Il vient d’être acquitté.

LETTRE D’EUROPE CENTRALE

Les Hongrois l’ont surnommé « KGBela » pour sa proximité supposée avec les services russes. Mais jeudi 24 septembre, Bela Kovacs, ancien eurodéputé du parti d’extrême droite hongrois Jobbik, a été acquitté par un tribunal de Budapest des charges « d’espionnage contre les institutions de l’Union européenne » qui pesaient contre lui depuis 2014. Elu entre 2010 et 2019, ce très discret élu du Parlement de Strasbourg, proche de l’ex-eurodéputé RN Bruno Gollnisch, était accusé par le parquet hongrois d’avoir transmis des documents confidentiels à Moscou, une première pour un eurodéputé dans l’exercice de ses fonctions.

Le procureur avait réclamé sept ans de prison contre l’ancien élu âgé de 60 ans. Selon l’acte d’accusation, il avait notamment transmis des documents sur les élections européennes ou la politique énergétique à un agent traitant employé par l’ambassade de Russie à Budapest. Mais dans sa décision, le juge a finalement estimé qu’il n’avait partagé « que des informations publiques, et non des secrets d’Etat », relate Andras Dezsö, journaliste à l’hebdomadaire HVG qui enquête sur ce personnage trouble depuis des années et qui était un des rares reporters présents au verdict de ce procès tenu quasi entièrement à huis clos.

« Le juge a reconnu qu’il travaillait pour le SVR [service des renseignements extérieurs russe] mais qu’il était surtout un agent d’influence qui avait pour objectif de favoriser les intérêts russes en encourageant par exemple une alliance des extrêmes droites européennes. En gros, que c’est un espion qui n’a pas espionné, résume-t-il. Et cela n’est pas prévu par le code pénal hongrois. » M. Kovacs était notamment un des cadres de l’Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN), ce parti politique européen créé en 2009 par Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch pour fédérer plusieurs mouvements d’extrême droite en Europe, dont le Jobbik, alors connu pour ses positions antisémites et anti-Roms.

MM. Le Pen et Gollnisch avaient été forcés de s’écarter de cet allié sulfureux en 2013 à la demande de Marine Le Pen, puis l’AEMN a été radié des registres du Parlement européen en 2018 après plusieurs scandales sur l’utilisation des fonds européens par des formations d’extrême droite. En parallèle, les journaux proches du premier ministre hongrois Viktor Orban avaient révélé en pleine campagne électorale pour les élections européennes de 2014 que Bela Kovacs faisait l’objet d’une enquête des services de renseignements hongrois pour ses liens avec Moscou. M. Kovacs avait dû quitter le Jobbik, même s’il a toujours clamé son innocence. « J’ai fait mon travail en tant que membre du Parlement européen dans l’intérêt du peuple hongrois et de la Hongrie, je n’ai aidé les activités d’aucun service étranger », a-t-il maintenu à son procès." La suite sur lemonde.fr (article payant)


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