vendredi 24 février 2006
Revu et corrigé : Péter Esterházy
Livre difficile, comme toujours avec l'écriture d'Esterházy, mais exigeant, au-delà de la forme, sur les questions éthiques qu'il pose. Comment traiter le passé stalinien des parents et les trahisons longtemps occultées des uns et des autres pendant que les combattants de 56 étaient exécutés ou emprisonnés. Mais aussi, au détour de quelques pages, que faire d'un passé, celui de l'année 44, qui a vu le départ de 600 000 hongrois vers la mort, sous l'oeil au mieux indifférent des grands parents. Telles sont quelques interrogations d'Esterházy. Comment cela a-t-il été possible ? Pourquoi ses compatriotes hongrois éludent-ils ces questions ? Beaucoup d'interrogations, quelques jugements sévères sur son père, beaucoup d'amour aussi pour lui... Mais est-il sûr de l'avoir compris et d'avoir complètement resitué ses "fautes" dans leur contexte social, politique,... Et si, après tout, son père, noble déclassé, ayant épousé la cause du régime stalinien, avait agi avec sincérité, dans la croyance que le régime de l'époque oeuvrait dans le sens de l'Histoire. Voici un extrait des dernières pages du livre.
"Nous - nous, hommes : ceux qu'il a trahis et ceux qu'il n'a pas trahis - ne pouvons pas pardonner à mon père, parce qu'il n'a pas reconnu devant nous son acte et parce qu'il ne l'a pas regretté, il n'a pas regretté que la partie ténébreuse de son âme l'ait vaincu. On peut donc le plaindre, le haïr ou se soucier de lui comme de l'an quarante. Cracher sur lui ou se moquer de lui : voilà le destin de mon père.
Au-delà des possibilités énoncées (et acceptées par moi aussi) ci-dessus, moi, je l'aime aussi cet homme dont je suis le fils aîné..." p. 391
Editions Gallimard du Monde entier source : Chapitre.com
Voir aussi l'article d'Ibolya Virág sur le Blog des Mardis hongrois
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