samedi 20 mai 2023

En Hongrie, derrière la propagande hostile, la réalité de l’immigration

"Si Viktor Orban se pose volontiers en défenseur des Magyars face au risque de « submersion migratoire » et rejette les sociétés « multiculturelles » de l’Ouest, son pays a bel et bien besoin de main-d’œuvre étrangère. Et y fait de plus en plus appel.

Mercredi 3 mai, le Parlement hongrois a voté une de ces résolutions dont il a le secret. A une écrasante majorité, l’Assemblée contrôlée par le premier ministre nationaliste, Viktor Orban, a déclaré qu’« en matière d’immigration, la position de la Hongrie est claire et n’a pas varié : nous ne voulons pas devenir un pays d’immigration ». Purement symbolique, cette résolution a été contredite, le même jour, par un projet de loi « sur l’emploi de travailleurs invités » présenté par le gouvernement, et destiné à faciliter une réalité de plus en plus observable dans cet Etat d’Europe centrale : l’arrivée massive d’immigrés extra-européens avec la bénédiction du pouvoir.

Car si M. Orban aime se présenter comme le dernier rempart européen contre l’immigration, en coulisses, il ouvre désormais grand les portes de son pays, sans craindre les accusations d’hypocrisie. Démarrée à bas bruit dans la foulée du boom économique post-Covid-19, cette tendance s’est répandue comme une traînée de poudre ces derniers mois à la demande du patronat local.

En manque criant de bras, les entreprises hongroises peuvent profiter de dispositions légales de plus en plus flexibles pour faire venir en quelques semaines des travailleurs de l’autre bout du monde avec le soutien d’agences d’intérim spécialisées et des ambassades hongroises. Depuis quelques mois, on peut désormais voir partout en Hongrie des ouvriers indonésiens dans les usines, des travailleurs agricoles mongols dans les champs ou bien des chauffeurs indiens au volant de poids lourds, tous attirés par un pays où le salaire minimum s’établit à 624 euros par mois.

Déclin rapide de la population

Les chiffres encore provisoires de l’Institut national de statistique hongrois font ainsi état d’un doublement, entre 2021 et 2022, des flux migratoires venant d’Asie, principal continent d’origine de ces travailleurs. Sur 2022, le nombre de travailleurs extra-européens a augmenté de 14 % pour atteindre 86 000 dans un pays qui ne comptait encore que 1,3 % de résidents non européens début 2022. Pour la première fois, le premier ministre hongrois a dû reconnaître, en mars, que « d’ici un an ou deux, la Hongrie [allait] avoir besoin de 500 000 nouveaux travailleurs ». Le constat est pour ainsi dire partagé jusqu’au cercle familial intime du dirigeant magyar : l’entreprise de poids lourds appartenant à son gendre fait ainsi venir des chauffeurs d’Inde et du Kenya." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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