Journaliste entre autres au Monde et à l’Express, éditorialiste à Radio France International, également bien connu des téléspectateurs de TV5 Monde pour ses apparitions dans l’émission „Kiosque”, Thomas Schreiber collabora activement à la Documentation française. Il fut aussi professeur associé à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Et proche collaborateur de Robert Schuman. Pour ne citer que ces activités entre mille autres.
Mais, au-delà, quelle vie! Un vrai roman à la James Bond (en mille fois plus sympathique et en mieux)! Qui n’a pas entendu ou lu le récit passionnant de ses entretiens en tête à tête avec les plus grands de ce monde, tel le maréchal Tito ou le cardinal Mindszenty ou encore de cette périlleuse navette effectuée entre Vienne et Budapest au plus fort de la Révolution de 56 qu’il couvrait pour le compte du Monde; et sa participation au rapatriement sur la France du photographe Jean-Pierre Pedrazzini mortellement blessé.
Et pourtant... Comme il l’a relaté avec talent dans ses Mémoires „J’ai choisi la France”, tel n’était pas au départ son destin. Débarqué un beau matin (le 7 mai 49) Gare de l’Est à Paris sans parler (ou presque pas) un mot de français avec 10 francs suisses en poche (!), c’est vers les États-Unis qu’il entendait se rendre. Car, non seulement il parlait couramment l’anglais, mais pianiste doué, il avait côtoyé à Vienne le milieu des soldats américains pour qui il jouait et chantait dans les bars et clubs de jazz. C’est par cette activité qu’il survivra à Paris, se produisant dans les caves du Quartier latin. Et puis, de fil en aiguille, prenant goût à la vie parisienne, il finira par renoncer à se rendre aux USA (la difficulté des démarches administratives aidant) et „choisira”, comme il le dit, de rester en France, à la faveur d’un premier engagement dans la presse (à la radio, il me semble).
Et voilà qu’il vient de nous quitter, lui qui venait encore récemment de se rendre à Budapest pour une intervention à l’Institut français où nous l’avions trouvé en bonne forme, toujours aussi avenant et souriant. Lui qui, ne partageant pas les opinions de l’actuelle majorité qui préside aujourd’hui au sort de la Hongrie, ne s’en prenait jamais à ses adversaires – encore que le mot „adversaire” sied mal, car il n’avait que des amis -, voire savait au besoin en reconnaître les qualités aux plans humain et personnel. Car,”humain”, il l’était au sens le plus noble du terme.
Un homme qui nous aura profondément marqués et dont nous ne sommes pas prêts d’oublier le sourire. Il allait avoir 86 ans le 18 mars prochain.
Pierre Waline, 1er février 2015
„J’ai choisi la France”, paru en 2010 aux éditions France Empire
Parmi ses ouvrages:
Les actions de la France à l'Est, politique française depuis 1920 (L'Harmattan, 2000)
Le secrétaire général (Belfond)
Enver Hodja, le sultan rouge (Lattès, 1994)
La Hongrie ou la transition pacifique (Le Monde/La Découverte)
La Yougoslavie de Tito (Presses de la Cité).
Source : francianyelv.hu
RIP!
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Pierre, d'avoir trouvé des mots dans ces moments si difficiles !
RépondreSupprimerCette photo était pris le 30 novembre 2008 chez nous. À cet époque il était en train d’écrire son mémoire - J’ai choisi la France - sans pensant à la mort, au contraire, il était pleine de la vie et de l’humour.
Chère Anita, je transmets ton message à Pierre Waline. Et merci pour la photo de Thomas Schreiber que je me suis permis de t'emprunter pour illustrer ce billet.
RépondreSupprimerAmicale pensée à toi et András en ces moments difficiles.
Jean-Pierre
Chère Anita, Pierre me demande de te remercier chaleureusement pour ton commentaire si touchant.
RépondreSupprimerAmicalement
Jean-Pierre
Cher Jean-Pierre et Pierre, merci beaucoup pour vous !! Amicalement, Anita
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