vendredi 11 octobre 2019

A Budapest, la gauche et l’extrême droite s’unissent contre le parti de Viktor Orban

"Une coalition inédite espère emporter les municipales face à Istvan Tarlos, maire Fidesz sortant de la capitale hongroise.
« Je n’aurais jamais imaginé parler avec quelqu’un du Jobbik sur la même scène. Cela montre qu’on peut se rapprocher et vivre ensemble. » Ce mercredi 9 octobre, sur la scène du Trip, un bateau amarré sur les bords du Danube au cœur de Budapest, le célèbre metteur en scène Robert Alföldi, ouvertement gay, s’étonne encore de s’afficher en public avec un candidat de ce parti d’extrême droite hongrois au programme homophobe et aux pratiques longtemps antisémites. « J’ai préféré ne pas lui poser de question sur les homosexuels », plaisante l’artiste après être redescendu de la scène, sur laquelle il a animé un débat entre les représentants de six partis d’opposition, unis pour la première fois de l’histoire de la Hongrie démocratique, en vue des élections municipales, organisées dimanche 13 octobre.
Allant des socialistes au centre, en passant par les Verts, et donc aussi par l’extrême droite, cette coalition s’est donné un objectif, résumé par son chef de file, Gergely Karacsony : « briser le mythe que Viktor Orban est invincible ». A 44 ans, ce professeur de sciences politiques compte bien ravir au Fidesz, la formation du premier ministre ultraconservateur, la capitale, où vivent 1,8 million d’habitants. Lui-même est président d’un petit parti de centre gauche et n’est pas un nouveau venu en politique : en 2018, il était le chef de file de la gauche pour les élections législatives. Une aventure qui s’est finie par un piètre score de 11,9 %, bien loin derrière Viktor Orban. Mais Gergely Karacsony et l’opposition hongroise assurent avoir appris de leurs défaites successives, et présentent des candidats communs dans la quasi-totalité des municipalités, alors que le Fidesz contrôle actuellement 19 des 23 plus grandes villes. « Ces élections sont beaucoup plus que des municipales, le changement peut enfin avoir lieu, espère Robert Alföldi. Si on ne réussit pas cette fois, ce sera foutu pour quarante ans. »

« Le Jobbik n’est plus un parti d’extrême droite »
Au prix de quelques contorsions, Gergely Karacsony a été désigné à l’issue d’une primaire ayant mobilisé 67 000 Budapestois, à laquelle le sulfureux Jobbik s’est dispensé de présenter un candidat. Le logo de ce parti, longtemps néonazi, ne figure pas non plus sur les affiches de campagne, mais il appelle à voter pour lui et un des 23 arrondissements de la ville a été réservé pour un de ses candidats, qui était présent sur la scène du Trip. « Le Jobbik n’est plus un parti d’extrême droite, les éléments radicaux sont partis », justifie le responsable de gauche, en s’appuyant sur le récent virage politique de la formation. Dépouillé de son électorat par la ligne anti-immigrés de Viktor Orban, le Jobbik se présente désormais comme un parti « populaire national » de « centre droit ». Plusieurs membres du parti ayant tenu des propos antisémites dans le passé sont toutefois toujours en poste. « A Budapest, nous n’avons accepté que des candidats qui n’ont jamais tenu de propos racistes », jure M. Karacsony." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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