samedi 25 juillet 2020

Le traité de Trianon, une obsession hongroise


"Reportage« 1920-2020 : la mémoire vive des traités de la Grande Guerre » (1/4). Le 4 juin 1920, la Hongrie signait le traité de Trianon avec les pays vainqueurs de la première guerre mondiale. Cent ans après, Viktor Orban cultive le souvenir de ce « diktat ».

Il était une fois une terre de montagnes derrière l’interminable plaine du Danube. Une terre faite de « trésors naturels » dont « l’Occident a privé la Hongrie », « violant des frontières millénaires » pour forcer les Hongrois à vivre derrière des « frontières indéfendables » transformant leur nation en « couloir de la mort ». Ainsi s’est exprimé le premier des Hongrois, Viktor Orban, samedi 6 juin, pour commémorer la « tragédie nationale » que représente le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920 dans l’annexe du château de Versailles, et qui représente toujours une plaie saignante pour une bonne partie des Hongrois, cent ans plus tard.
Signé entre les puissances victorieuses de la première guerre mondiale et les représentants d’une Hongrie défaite, alliée au Reich allemand pendant le conflit, Trianon s’est traduit par la perte des deux tiers du territoire de l’ex-royaume de Hongrie, auparavant partie intégrante de l’Empire austro-hongrois. Il a laissé un tiers des populations magyarophones dans des nouveaux pays voisins, comme la Tchécoslovaquie ou la Roumanie. Pas un Hongrois ne peut ignorer ce qu’est Trianon, ce « diktat » imposé à une nation fière et linguistiquement isolée par des puissances victorieuses, à commencer par cette France où le traité, à l’instar des nombreuses autres conventions redessinant les frontières de l’Europe après 1918, est largement oublié.
S’il n’y avait eu le coronavirus, Viktor Orban avait prévu de commémorer cet événement en inaugurant un nouveau monument controversé en plein cœur de Budapest : une longue rampe tapissée des noms des communes perdues qui plongea dans le sol vers une flamme éternelle symbolisant la Grande Hongrie. L’inauguration a été repoussée au mois d’août. A la place, le premier ministre nationaliste s’est rendu au calvaire hongrois de Satoraljaujhely, à la frontière slovaque, où un parcours en quatorze stations fait l’analogie entre les souffrances du Christ et celles de la Hongrie. C’est là qu’il a tenu le discours apocalyptique et guerrier du samedi 6 juin." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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