lundi 13 mars 2023

Lucia di Lammermoor — Budapest - Stratosphérique !

"Bien connu des lyricomanes, Lucia di Lammermoor est un de ces chefs d’oeuvre dont la partition est régulièrement malmenée à la scène : coupures et transpositions sont communes, défigurant parfois même le style belcantiste (par exemple, la suppression habituelle des codas). La modification la plus commune est celle de la tonalité du rôle titre, et on a pris l’habitude d’entendre une Lucia légèrement abaissée. Pour cette version, l’Opéra d’Etat Hongrois a fait le choix audacieux de revenir aux tonalités originales, exigeant il faut bien le dire, une cantatrice aux moyens exceptionnels.

Klára Kolonits, que nous avions récemment appréciée dans Les Huguenots sur cette même scène, relève magnifiquement le défi. L’air d’entrée, que nous connaissons ordinairement en ré, est ici chanté un demi ton plus haut : la voix est bien conduite, suffisamment large, l’aigu sûr et puissant jusqu’à un splendide contre mi bémol ; le soprano campe une Lucia toute à son bonheur amoureux, tout à fait convaincante, et le duo qui suit est dans la même veine, les timbres des deux interprètes étant parfaitement apariés. A l’acte II, Kolonits fait évoluer les couleurs de sa voix pour épouser le désespoir de l’héroïne : la partie lente du duo avec Enrico offre ce qu’il faut d’émotions, sans excès histrioniques, avec une musicalité et un legato parfait. La partie rapide, doublée et prise à un tempo infernal, est une véritable course à l’abîme, couronnée par un magnifique contre-mi, suivi d’un la naturel pour le baryton, ces notes n’ayant plus ici une fonction purement décorative, mais exprimant à leur manière la tension entre les personnages. Kolonits renouvelle totalement l’approche traditionnelle de la scène de folie de l’acte III. Chantée un ton plus haut qu’ordinairement, la scène est proprement stratosphérique." La suite sur forumopera.com

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