Lu dans Libération de ce jour (lundi 9 janvier 2006), sous la plume de M. Michel Rocard, député européen P.S., ancien Premier ministre, un article titré "Israël doit exploiter jusqu'au bout l'ouverture du Premier ministre en direction de la paix. Prendre la relève de Sharon".
Chacun appréciera...
"Le retrait brutal de Sharon me rappelle deux situations totalement différentes, mais où finalement le centrage exclusif de l'attention sur les seules personnalités, en oubliant le reste de la situation, a pu conduire à des analyses et des pronostics totalement erronés. La première est brésilienne...
La seconde situation donne une leçon plus forte encore s'il se peut. C'est l'insurrection de Budapest en 1956. Un dirigeant communiste hongrois qui n'appartenait pas au pouvoir du moment, devenu solidaire des démocrates insurgés, Janos Kadar, comprit le premier que les Soviétiques ne céderaient pas et seraient impitoyables. Il avait pourtant dans le passé donné des signes de penchants démocratiques, avait fait un peu de prison, et l'on savait même qu'il n'avait pas désapprouvé le mouvement à ses débuts. Il décida choix extraordinaire de chercher à préserver l'essentiel dans l'avenir, et pour ce faire de se charger du sale travail. Mis au pouvoir par les Soviétiques, il fit arrêter et déporter puis fusiller son prédécesseur Imre Nagy, gage d'obéissance et donc de confiance aux yeux des Soviétiques. Il fit arrêter et exécuter des centaines de personnes. Puis il gouverna trente et un ans. Très progressivement, on cessa d'emprisonner pour des raisons politiques en Hongrie. Sans être totale, loin s'en faut, la liberté de la presse fut beaucoup plus large que n'importe où ailleurs dans le monde soviétique, le carcan économique se desserra et, non contents de manger mieux qu'ailleurs, les Hongrois devinrent de puissants exportateurs, notamment de denrées agricoles. Kadar fut en symbiose longtemps avec son peuple. Malgré l'armée russe, la volonté de vivre autrement avait triomphé dès 1956, et l'image de l'assassin Kadar complice des Soviétiques s'estompa devant celle d'un dirigeant à l'écoute de son peuple. Tout cela pour rappeler que les peuples font largement autant l'histoire que leurs chefs." Libération
lundi 9 janvier 2006
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