mardi 4 décembre 2007

L'histoire d'une solitude de Milán Füst


« Une histoire bien compliquée », ainsi que l’annonce le narrateur : truffé de surprises narratives, ce court roman est en quelque sorte le reflet de l’agitation, de l’effervescence et de l’angoisse des années qui précèdent et suivent la Première guerre mondiale en Europe centrale.
C’est en même temps l’histoire très simple de l’inépuisable amour d’un homme, solitaire malgré lui, pour une femme aussi adorable qu’infidèle, aussi vive qu’insaisissable, maintes fois perdue et retrouvée, au gré d’apparitions plus ou moins prolongées, sous les identités les plus diverses.
Malheureux dans son commerce avec les hommes en temps de paix (il est historien d’art) comme en temps de guerre (qu’il passe chez les hussards, conformément à ses origines aristocratiques, avant d’être emprisonné pour indiscipline en raison de ses convictions socialistes), le narrateur distrait sa solitude par d’intimes obsessions : le Caravage, sa mère, ou encore un chien nommé Péter. Mais rien ne pourra venir supplanter son amour absolu et désespéré pour l’unique femme aux multiples noms.
Milán Füst
Biographie (1888-1967)
A l’instar de nombreux écrivains importants de sa génération tels Babits, Kostolányi ou Karinthy, Milán Fust a participé à l’effervescence artistique autour de la revue Nyugat (Occident) qui bouleversa le paysage littéraire hongrois lors des premières décennies du XXème siècle.
Poète, dramaturge, son itinéraire en tant que romancier est profondément original et méconnu, parce que souvent réduit à un seul chef d’œuvre, l’Histoire de ma femme (publié en 42, traduit en France par Gallimard en 1958), qui par son ampleur diffère nettement du reste de sa production romanesque, marquée par une prédilection pour la brièveté. Un seul de ses textes courts est disponible en français : Avent, traduit en 2000 par les éditions Ombres, d’une tonalité plutôt historique et politique. Dans l’histoire d’une solitude, tout comme dans Précipice (à paraître en mars 2008 aux éditions Cambourakis) Füst privilégie l’étude psychologique et les thématiques existentielles, à travers des personnages souvent obsessionnels, tourmentés, en proie à des passions dévorantes, vouées à l’inaccomplissement. Prosateur subtil, facétieux, et parfois retors, Füst manie un art de la digression et de l’audace narrative que ses romans courts illustrent remarquablement.
Roman 136 pages paru en novembre 2007 aux Editions Cambourakis
Traduit du hongrois par Sophie Aude.
Préface de Peter Esterházy, traduit du hongrois par Agnès Járfás.
Prix : 16 euros
Source le site de l'éditeur cambourakis.com

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