Masson,C., Wolkowicz,M.G., (Dir.) La force du nom. Leur nom, ils l’ont changé, Paris, Desclée de Brouwer, coll. Espaces du sujet, 2010.
Cet ouvrage rassemble les Actes du Congrès international et pluridisciplinaire qui a eu lieu en partie à Paris, au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, en octobre 2009, puis à Jérusalem, en novembre 2009, à l’université hébraïque de Jérusalem, sur le Mont Scopus.
Michelle Moreau Ricaud y a donné une conférence : “Un changement de nom chez un analyste hongrois. Le cas de Michael Balint.”
Prix éditeur : 25 €
« La force du nom : ‘leur nom ils l’ont changé’
Ce colloque international Paris- Jérusalem était organisé par Céline Masson (C.R.P.M. de l’Université Paris 7 - Denis Diderot) et Michel Gad Wolkowicz (Association Psychanalytique de France), Cyril Aslanov, Professeur de linguistique et Directeur de l’Institut des Humanités générales à l’université hébraïque de Jérusalem, Abram Coen (Espace analytique), Eric Ghozlan, directeur d'une Maison d'Enfants de l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants), Francine Kaufman, Professeur de traductologie à l’université de Bar Ilan (Tel Aviv), etc, et l’Ambassade de France en Israël.
Colloque original, à la fois « visuel, parlé et sonore », tenu en deux temps et en deux lieux. A Paris, d’abord, au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, le 18 octobre, puis à Jérusalem, les 1,2,3 novembre 2009, à l’université hébraïque de Jérusalem, sur le Mont Scopus.
Notre hôte, Cyril Aslanov, a ouvert le colloque avec les autres organisateurs nommés ci-dessus, et en présence de Roger Fajnzylberg, directeur général de l’OSE.
Ce colloque annoncé (Site internet : laforcedunom.fr ) s’est avéré passionnant : un film, des conférences, des tables rondes, des chants, du théâtre, toutes ces activités se sont déroulées sur trois journées, au Mandel Institute for Jewish Studies, dans la salle de conférence Rabin Building, pleine à craquer de collègues israëliens, français, brésiliens, américains, etc.
Le film de Céline Masson « Et leur nom, ils l’ont changé : un nom taillé sur mesure », documentaire très émouvant sur quelques familles ashkénazes dont le nom a été changé après leur émigration, ou lors de la guerre de 1939 – 1945 ou encore après, se déroule à partir d’une simple question : « Racontez - moi l’histoire de votre nom… ». Trois générations s’expriment tour à tour, dans un registre sobre, sur le tragique de leur histoire, et parfois non sans humour. Un grand-père, par exemple, dont la survie économique et celle de sa famille passait par le changement de nom, demandé et obtenu, se voit contesté dans cet acte par son fils, devenu adulte, refusant le caractère opportuniste de ce changement et souhaitant retrouver le patronyme d’avant ; pour eux, cela s’avère parfois comme une quête urgente, alors que la troisième génération n’éprouve pas toujours la même nécessité, loin s’en faut, et le dit en maniant sa critique de manière plaisante, à peine agressive.
Des conférences introductives venaient ensuite : Nicole Lapierre, sociologue (CNRS) auteur de Changer de nom, traitait de « L’esquive et la trace. Sur la francisation des noms », alors qu’Eli Lederhendler, Directeur de l’Institut du Judaïsme contemporain à Jérusalem, rapportait ce qui s’était passé aux Etats-Unis : « What’s in a name ? Jewish names in the American Cultural Sphere ». Nathalie Felzenszwalbe, avocate, « Du nom patronymique au nom de famille : de la lettre au chiffre », montrait l’évolution du nom dans l’histoire et les complications à venir dans le nouveau système juridique français. Un archéologue bien connu, J.-P. Demoule, nous ramenait en un temps d’avant le nom avec « Préhistoire du Nom, construction de l’identité » et projection d’une magnifique iconographie.
Les tables rondes, mêlant linguistes, juristes, écrivains, traducteurs, historiens, directeur de revue (L’Arche), professeurs et psychanalystes s’exprimant en français, sauf exception deux communications en anglais et trois en hébreu (dont une a pu être agréablement suivie dans sa « musique » grâce à sa traduction papier où les noms propres servaient de repère), étaient organisées en quatre « strates » regroupant une huitaine de communications :
- « Les changements de noms dans l’histoire et l’hébraïsation des noms en Israël »
- « C’est pourquoi il l’appela… : L’acte de nommer dans la Bible »
- « Quand la transmission du nom est une transgression : le roman familial du nom »
- « L’acte de nomination et le pouvoir de pensée ».
Ma communication se situait dans cette dernière strate et reprenait, avec de nouvelles données, un chapitre de mon livre sur Balint : « Un changement de nom chez un psychanalyste hongrois : le cas de Michael Balint ». Daniel Widlocher (A.P.F.) était mon discutant.
Le colloque a été honoré de la visite, discrète, mais remarquée et saluée par Abram Cohen, visite qui a ravi tout l’amphithéâtre, d’Aharon Appelfeld, ce « romancier juif qui écrit en hébreu », comme il se définit. Auteur de nombreux ouvrages, il était l’invité d’honneur du dernier Salon du Livre à Paris (2008). Rappelons, entre autres ouvrages, Histoire d’une vie, Paris, Editions de l’olivier, 2004, récit autobiographique où Appelfeld, né en 1932, raconte son enfance heureuse en Roumanie, jusqu’à la catastrophe de la Shoah . C’est alors la traversée d’expériences particulièrement douloureuses : l’assassinat de sa mère, puis l’enfermement dans le ghetto, la déportation avec son père, la vie dans un camp, son évasion vers l’âge de 10 ans, sa survie en errance dans les forêts, le recueil par des paysans (qui le cachent et le font travailler), puis par une prostituée, et les camps de rescapés à la fin de la guerre, enfin sa traversée de l’Europe et son arrivée en Palestine en 1946. Une conséquence : l’extinction de sa langue maternelle et son apprentissage de l’hébreu, sa langue « maternelle adoptive » comme il la désigne.
Une communication de Michèle Tauber rendait hommage à son œuvre, par le biais de la mélodie de sa langue et des noms juifs de la Mittel Europa : « A la croisée des langues, une polyphonie de noms dans l’œuvre d’Aharon Appelfeld ».
Colloque passionnant,1 où l’on aurait aimé davantage de débats, rendus impossibles par l’abondance des communications. Celles-ci seront publiées dans un ouvrage réalisé par les organisateurs, comme C. Masson vient de nous l’annoncer.
Une suite juridique est également envisagée par un petit groupe d’analystes autour d’A.Didier - Weill qui souhaitent porter, devant une instance européenne, la demande de reprise du nom d’un ascendant, démarche ayant fait jusque-là, pour certains, l’objet d’un refus par le Conseil d’Etat.
La fin du colloque a été marquée par un cocktail offert par l’Ambassade de France en Israël.
On y parlait d’un boycott des universités : a –t-il empêché certains de venir ? La plupart des intervenants logeaient dans l’université même, où des chambres d’hôte du Maïersdorf Faculty Club, offraient une vue magnifique sur Jérusalem, la nouvelle ville et la vieille cité de plus de 3000 ans. Les résidents devaient veiller à la sécurité, plus rigoureuse encore depuis l’attentat de 2002, qui avait coûté la vie à quelques étudiants et en avait blessé une trentaine ; il était recommandé de rentrer avant minuit… pour être assuré que le taxi, passant les barrages de police avec notre carte de sécurité, ait bien compris où nous déposer ; et trouver, dans le sous-sol du campus, la porte correspondante où l’on venait nous chercher en ascenseur pour rejoindre notre lieu de séjour.
L’université Hébraïque de Jérusalem (U.H.J.)
Après ce colloque, une partie des intervenants est partie pour la Mer morte, une autre est rentrée chez elle. Je suis restée dans cette magnifique université surplombant Jérusalem, en quête de traces freudiennes.
C’est la plus ancienne université d’Israël, rêve de sionistes réalisé, d’une université bâtie à cet endroit historique. Rappelons qu’elle est située sur le Mont Scopus, dans une enclave aujourd’hui Cisjordanienne. La première pierre a été posée sur un terrain acheté aux Palestiniens en 1918, et offert à l’université par un donateur. Elle a été inaugurée en 1925.
Cherchant un peu au hasard une référence à Freud dans le campus, j’ai trouvé enfin son nom, inscrit sur le mur du bâtiment administratif, avec tous les autres fondateurs de l’université.
L’inauguration :
Une immense peinture murale de Pilichowski2 montre la cérémonie du 1er avril 1925. On voit à la tribune, le Premier ministre anglais Lord Balfour (qui a établi en Palestine un « foyer national juif » dès 1917- embryon de l’Etat d’Israël fondé en mai 1948), le général Robert Allenby (qui avait pris Jérusalem en 1917), l’Académicien Chaïm Weizmann, le Président de l’université Judah Magnes, des professeurs locaux et des représentants des universités de Cambridge, Londres, Varsovie …), des représentants des grands musées européens (Museum de Londres), des dignitaires de Jérusalem (rabbins, prêtres, etc.), des journalistes, des policiers et des invités, dont Pilichowski, auto -représenté en train de peindre l’évènement. Le Jewish Chronicle de Londres avait rendu compte de ces festivités.
Un grand absent à cette cérémonie, Sigmund Freud. Malade, il n’a pas pu faire le voyage. Le diagnostic de son cancer du maxillaire (conséquence de son addiction au tabac et d’une opération mutilante faite à Vienne) a été posé l’année précédente, suivi de plusieurs opérations à Berlin chez le Prof. Hans Pichler. On se souvient qu’il s’est plaint, avec humour, à la chanteuse Yvette Guilbert, de la gêne due à sa prothèse: son « monstre » ne parlait pas français ! A l’ouverture de cette université, qu’il désigne dans sa correspondance par l’expression « notre université », Freud a 69 ans. Il envoie alors un Message à l’occasion de l’inauguration de l’université hébraïque :
« Des historiens nous ont dit que si notre petite nation a résisté à la destruction de son indépendance en tant qu’Etat, c’est uniquement parce qu’elle se mit à placer au plus haut degré de son échelle des valeurs ses biens spirituels, sa religion et sa littérature.
Nous vivons actuellement en un temps où ce peuple a la perspective de reconquérir la terre de ses pères avec l’aide d’une Puissance qui domine le monde, et il célèbre à l’occasion en fondant une université dans son ancienne capitale.
Une université est un lieu où le savoir est enseigné au-dessus de toutes les différences de religions et de nations, où la recherche qui est menée doit montrer à l’humanité dans quelle mesure nous comprenons le monde qui nous entoure et dans quelle mesure nous pouvons le contrôler.
Une telle entreprise est un noble témoignage du développement auquel notre peuple est parvenu, en se frayant un chemin à travers deux mille ans de destin malheureux.
Je suis peiné que ma mauvaise santé ne me permette pas d’être présent aux festivités inaugurales de l’Université juive de Jérusalem »3.
On sait également que Freud a échangé plus tard, dans les années trente, une correspondance avec son Président, Judah Léon Magnes, pour promouvoir Max Eitingon comme professeur de psychologie, poste finalement attribué à Kurt Lewin, laissant Freud déçu que « les universitaires ne veulent rien savoir de la psychanalyse ». Puisque la chaire de psychanalyse ne peut pas se faire avant celle de psychologie, ce « refus à peine déguisé de la psychanalyse » n’empêchera pas que « le Dr Eitingon est décidé à poursuivre la pratique de la psychanalyse en Palestine, indépendamment de l’Université »4.
A la montée du nazisme, en 1933, et sa démission de la direction de l’Institut de Psychanalyse Max Eitingon quittera Berlin et fondera en 1934 une association psychanalytique à Jérusalem5, tout de suite reconnue par l’A.P.I.
La « Chaire Freud » :
Tardivement donc, lors de son jubilé en 1975, cinquante ans après son ouverture, que renaît,
l’idée d’une « Chaire Freud ». Créée en 1977, c’est Anna Freud qui l’inaugure et l’occupe ; lui succèderont d’autres psychanalystes, tour à tour Joseph Sandler, de Londres, le Prof. Bennett Simon de Harvard et Shmuel Erlich.
Si les Archives Einstein et les Ecrits de Maimonide sont des trésors de la bibliothèque de l’université, Freud à refusé de lui donner de son vivant ses brouillons, les manuscrits de ses publications, demandés en 1929.
Pendant la guerre israëlo – arabe, interdite par les Jordaniens malgré les accords d’armistice de 1949, cette université a dû se replier dans celle de Givat Ram, et n’est revenue sur le mont Scopus qu’après 1967. Elle va continuer à s’accroître jusqu’en 1981, aidés par de nombreux dons. Véritable petite ville autonome avec tout ce qu’il faut pour la vie de l’esprit et du corps : amphithéâtre, bibliothèques, synagogue, espaces verts plantés d’arbres, librairie, mais aussi de nombreuses cafeteria, petit supermarché, salon de beauté, bureau de poste, agence de voyage. Ce beau campus compte actuellement quelque 20 000 étudiants (et une bonne quarantaine de chats, échappés à la stérilisation selon la bibliothécaire qui les nourris !).
Le jardin botanique, magnifique, s’étend au- delà de l’université, planté de nombreuses espèces d’arbres, dont ceux à tronc rouge brun et lisse : des gommiers rouges (? ) et qui réserve une autre surprise. Bien que Jérusalem soit truffé de sites archéologiques, quelle émotion de trouver soudain, au détour d’un chemin, deux petites ouvertures sous un tumulus, entrées de minuscules grottes funéraires. Des fouilles, entreprises dans les années vingt, avaient permis de dégager deux caveaux, dont les parois, creusées de niches, contenaient de petits ossuaires datant du deuxième siècle av. J.-C.
Un séminaire Les blessures du nom se tenait dans la ville hors les murs de Jérusalem, dès le lendemain du colloque, organisé par le Collège doctoral Paris -Jérusalem au Centre de Recherche Français de Jérusalem ; contre - colloque en quelque sorte, organisé par ceux qui « n’avaient pas pu intervenir à celui de l’université hébraïque ». Le programme indiquait la présentation de ce C.R.F.J. et de l’Institut Davar, centre médico- social que j’ai pu visiter, centre ouvert à toute détresse (ligne d’écoute psychologique, prise en charge des troubles post-traumatiques, lutte contre l’exclusion, etc.).
J’ai rejoint les participants du colloque pour la soirée culturelle, organisé au Centre Culturel Français Romain Gary, 9 Kikar Safra, où le directeur, 6très accueillant, milite pour l’apprentissage du français en Israël. Nous avons visité sa médiathèque.
La lecture, en présence de l’auteur, de la pièce d’Alain Didier-Weill : Freud et Einstein : pourquoi la guerre ? était d’actualité. Henri Cohen Solal et deux collègues lisaient le rôle de Freud, d’Einstein et d’Anna de manière fort convaincante.
On se souvient qu’après la première guerre mondiale, la Conférence de la Paix s’était tenue en 1919, à Paris, sous la présidence du Président des Etats - Unis, Thomas Woodrow Wilson, fils de pasteur et ancien professeur de sciences politiques à Princeton et avait été suivie en 1920 par la création de la Société Des Nations. C’est la S. D. N. qui avait demandé, en 1932, au savant le plus célèbre du moment, Albert Einstein, de réfléchir, avec la personne de son choix sur le thème : Existe-t-il un moyen d’affranchir les hommes de la menace de la guerre ? Einstein s’était bien sûr adressé au spécialiste des passions humaines, Freud, et leur correspondance fut publiée en 3 langues. Elle a été republiée par Payot Rivages en 2005.
Alain Didier-Weill met en scène une deuxième rencontre dialoguée, imaginaire cette fois, entre les deux hommes7, qui aurait pu suivre la correspondance suggérée par la Société des Nations, et ajoute un troisième personnage à cette rencontre, Anna Freud, qui n’intervient qu’au début. Pourquoi n’ont-ils pas réussi ? En ont-ils fait assez ? s’interrogent-ils. On sait que l’« Etat supranational » proposé par Einstein « affranchi des préjugés nationaux », ne verra le jour qu’en 1945 (O.N.U.) 8
Le débat qui a suivi, présentation de l’auteur et questions à l’auteur, fut vif dans la salle de ce pays toujours en situation de guerre. La pulsion de mort semblait insuffisante pour rendre compte de ce besoin de haine et de destruction des individus et des Etats, de la dernière guerre mondiale, de la Shoah, et de l’actualité si présente, si dure … L’ouvrage de Freud et William Bullitt, fut, bien sûr, évoqué. Rappelons que W. Bullitt, l’ambassadeur américain qui vient voir Freud en 1929, lors de son opération à Berlin (et le sauvera des nazis avec la Princesse Marie Bonaparte en 1938), avait intéressé Freud dans sa démarche et ils ont co- écrit entre 1930 et 1932, Le Président Wilson. Un portrait psychologique. Dans sa préface, Freud y fait l’aveu d’une « antipathie » et même d’une « aversion grandissante » pour cet homme d’Etat, un fou idéaliste. Wilson est mort en 1924, mais les auteurs avaient décidés de ne le publier qu’après la mort de sa veuve. Aussi fallut-il attendre 1966 pour sa publication aux E.-U. Soirée très intéressante, terminée autour d’un bon vin de Jérusalem, et prolongée tard dans la nuit avec un petit groupe invité chez Mme X, fille du Président Shimon Peres, continuant à discuter des problèmes d’Israël.
Michelle Moreau Ricaud
1 Les travaux seront publiés chez Desclée de Browers
2 Peintre juif polonais, un des représentants de l’art juif, qui a étudié à Paris. Sans doute une reproduction de son tableau.
3Freud, S. (1925) « Message à l’occasion de l’inauguration de l’université hébraïque », O.C., P.U.F., tome XVII.
4 Freud, S. (1933) Lettre au Chancelier J.L.Magnes du 5 décembre 1933, Freud, S. Correspondance, 1873 – 1939, Paris, Gallimard, 1967.
5 Moreau Ricaud, M. « Max Eitingon. Aux sources de la psychanalyse en Israël », Le meilleur des mondes, Spécial Israël, 60è anniversaire, printemps 2008, Paris, Denoël, p. 142 – 146.
L’association (A.P.I.) est au 13 rue Disraeli. Tabieh. D’autres associations, lacaniennes, existent maintenant.
6 Olivier Debré
7 Cette pièce sera jouée à Paris en 2010 avec des acteurs professionnels.
8 Voir Sciora, R et Stevenson, A. (sous la dir. de), Planète ONU. Les Nations unies face aux défis du XXIe siècle, Editions du Tricorne, Genève, 2009.
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