mardi 22 septembre 2020

Le payant, seul modèle pour sauver le journalisme indépendant en Europe centrale

 "En Slovaquie, en Hongrie ou en République tchèque, des sites d’info payants ou partiellement payants se développent, afin d’échapper au contrôle du pouvoir ou des oligarques locaux. 

On les avait quittés en juillet en larmes, déposant collectivement leurs lettres de démission dans le bureau de leur directeur. On les retrouve fin septembre dans l’ambiance bouillonnante d’un appartement trop petit de Budapest, à quelques jours de lancer ce qui s’annonce déjà comme la plus grande révolution du paysage médiatique hongrois depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orban, en 2010. Une soixantaine d’anciens journalistes du site Index, principal site d’information indépendant du pays jusqu’à ce que son rédacteur en chef soit brutalement licencié le 22 juillet, sont en train de travailler à la création d’un nouveau site, baptisé Telex. Et, fait unique dans un paysage médiatique hongrois constamment sous pression du premier ministre nationaliste et de son entourage, Telex sera payant.

« C’est du jamais-vu pour un site d’info en continu en Hongrie, mais nous pensons que les Hongrois ont désormais compris qu’il faut payer pour avoir des informations fiables », raconte Veronika Munk, rédactrice en chef du futur site. A 40 ans, cette journaliste a fait toute sa carrière chez Index, avant de démissionner de son poste de rédactrice en chef adjointe après le limogeage de son ancien supérieur, qui contestait le démantèlement de la rédaction. « Chez Index, j’ai appris que le marché publicitaire est trop fragile en Hongrie. Le principal annonceur est l’Etat, qui refuse d’acheter de la publicité sur des sites indépendants comme le nôtre. » C’est d’ailleurs à la faveur de la crise liée au Covid-19 qu’un proche de M. Orban a pris le contrôle de la régie publicitaire de ce qui était, jusque-là, la source d’information la plus respectée du pays.

En profitant de la vague de solidarité inédite déclenchée par leur démission collective, les « Index » ont réussi à récolter, en quelques semaines, plus de 32 000 dons pour lancer leur nouveau site. Si elle refuse de dire encore la somme que cela représente, elle affirme qu’ils ont « déjà de quoi tenir plusieurs mois ». Le site ne sera cependant que partiellement payant, afin « que la seule source d’information gratuite disponible ne soit pas issue de la propagande ». En Hongrie, la télévision publique et la plupart des médias privés abreuvent le public de messages pro-pouvoir. L’actionnariat de Telex n’est pas encore totalement décidé, mais il sera, en priorité, constitué « des journalistes de la rédaction » et « seulement d’investisseurs privés, dont nous serons sûrs qu’ils respectent nos valeurs journalistiques », assure la rédactrice en chef." La suite sur lemonde.fr (article payant)

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