dimanche 14 février 2010

Miklós Radnóti (1909-1944) : Ode à peine (Tétova óda)

J'ai trouvé une belle traduction de "Tétova óda" de Miklós Radnóti (écrit le 26 mai 1943), "Ode à peine" sur le Blog de Flora qui est une mine de beaux textes hongrois traduits en français, mais aussi de texte inédits de Gilbert Millet, de réflexions et mémoires de Flora et de très beaux dessins.

Ode à peine

Depuis quand je me prépare pour te révéler
la galaxie secrète de mon amour
je cherche une seule image, l’unique, l’essentielle.
Tantôt bruissante, déferlante en moi, tu es comme l’existence
tantôt immobile et éternelle
tel un fossile dans la pierre, pétrifié.
L’opacité soyeuse de la lune frémit au-dessus de ma tête
la nuit reste à l’affût de rêves minuscules qui s’échappent.
Et je ne peux toujours pas te dire
cette sensation en moi provoquée
par ton regard protecteur sur ma main qui écrit…
Les images ne valent rien. Elles surgissent, je les jette.
Et demain, je recommence tout
car je n’ai que le verbe
et ce que vaut mon poème en moi
d’une poignée de cheveux au dernier de mes os.
Tu es fatiguée, je le ressens aussi, la journée fut longue -
que dire de plus ? le regard des objets s’entrecroise
et chante ta louange, un morceau de sucre
résonne, la goutte de miel retombe
sur la nappe comme une perle d’or,
le verre à eau vide tinte seul.
Heureux de partager ta vie. Aurai-je encore le temps
de dire sa joie dans l’attente de ta venue?
L’obscurité floconneuse du songe te frôle
elle s’envole puis se pose sur ton front.
Tes yeux mi-clos me font signe encore
tes cheveux se dénouent, se répandent comme une flamme,
et tu t’endors. L’ombre allongée de tes cils frémit.
Ta main s’alanguit sur mon oreiller, branche assoupie de saule,
et par toi, je m’endors aussi, habitant du même monde.
Et j’entends venir jusqu’à moi la métamorphose
de toutes les lignes mystérieuses, fines et sages
de ta paume fraîche.

Traduction : R. T. et Muriel Verstichel

A ma connaissance, il n'existait pas de traduction française de ce poème de Radnóti et qui se trouve, de plus, être mon préféré. Ainsi, faute de mieux, j'ai décidé de le traduire moi-même, assistée par Muriel, éminente poète. (Flora)

La version originale se trouve au lien suivant :
floramagyarblogja

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