dimanche 26 février 2023

Reportage. En Ukraine aussi, la mobilisation fait peur

 Auteur de plusieurs reportages pour le site “24.hu”, un reporter de guerre hongrois est retourné en Ukraine un an après le début du conflit. Il raconte le fardeau d’une bataille qui s’éternise et la crainte de la conscription.

La neige s’est installée sur les Carpates. Les arbres plient sous son poids. Un brouillard froid recouvre la vallée. La tempête s’est déclenchée un peu avant dix heures du matin. Le vent puissant jette la neige mouillée sur le pare-brise de la voiture. J’aperçois à peine la chaussée. Je conduis la même voiture vieille de vingt-cinq ans sur la même route que l’année dernière. Kiev n’a pas brûlé sous les missiles et mes amis ont ramené la voiture jusqu’à Moukatchevo [dans l’ouest de l’Ukraine, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière hongroise].

Le 24 février 2022, la Russie agressait l’Ukraine. Aujourd’hui, je roule vers Kiev pour l’anniversaire de l’invasion.

La roue avant droite de la voiture m’a lâché entre deux villages de Transcarpatie. Je traîne au ralenti, feux de détresse allumés, jusqu’à l’entrée de la localité la plus proche. Soudain, une pancarte en hongrois et en ukrainien accrochée sur une habitation campagnarde : “Pneus”.

“Ils prennent tout le monde”

“Vous parlez hongrois ? demandé-je au gars costaud d’une cinquantaine d’années qui examine ma voiture.
Oui.
Vous êtes magyar ?
Non. Ukrainien. J’ai travaillé en Hongrie.
Vous parlez bien hongrois.
Vous devriez entendre ma femme.
Elle est magyare ?
Non, ukrainienne elle aussi. Mais elle a grandi parmi des Magyars.
Vous pouvez réparer la voiture ?
Oui. Si l’électricité ne lâche pas.”

L’électricité n’a pas tenu. Obscurité et pénombre dans le village. Les coupures sont quotidiennes depuis que les Russes ont attaqué les infrastructures ukrainiennes.

“Ils peuvent réparer la voiture à Moukatchevo, reprend le garagiste.
Vous pouvez l’emmener ?
Je pourrais, mais je n’ose pas.
Pourquoi ?
Parce que j’ai peur qu’ils me remettent mon ordre d’incorporation. Ils prennent tout le monde en Transcarpatie.
Vous vous cachez ?
Non, mais il vaut mieux ne pas traverser un check-point. Là-bas aussi, ils donnent les papiers d’incorporation. C’est déjà arrivé.” La suite sur courrierinternational.com (article payant)

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