Soirée organisée Le 5 Juin 2008 à l'Institut Hongrois sous l'égide de l'ONG Urbanistes Sans Frontieres avec la participation de l'association culturelle des Mardis hongrois de Paris.
Le Directeur de l'Institut hongrois, András Derdák, a ouvert la conférence en rendant un hommage à François Fejtö l'un des premiers signataires de la pétition pour la sauvegarde du quartier juif de Budapest.
I - Anna Perczel architecte-urbaniste, représentant l'association ÓVÁS! fait une présentation illustrée de photos de « l’ancien quartier juif de Budapest », l’un des plus anciens quartiers de Budapest, l’un des quartiers les plus riches en valeurs architecturales. La singularité et l’importance du quartier sont données, par ses rangées de maisons du 19ème siècle, par l’enchantement oriental des synagogues, le dédale des passages, l’architecture art nouveau remarquable et, par-dessus tout, par le mélange créé par tous ces facteurs. Le quartier abrite toujours une communauté juive vivante et c'est un lieu de mémoire historique.
Cependant, on fait détruire à un rythme toujours croissant les maisons d’habitation du quartier, et on altère le caractère de ses rues.
Au printemps de l’an 2004, un mouvement de citoyens (l’Association ÓVÁS!) s’est lancée dans différentes actions pour sauver le quartier.
Michel Polge, Architecte Urbaniste en chef de l'Etat, expert envoyé par l’UNESCO et l'ICOMOS, s’est rendu à Budapest, du 5 au 7 novembre 2007. Après sa mission d’expertise, le Maire du 7ème arrondissement de Budapest et le Président de l’Office de la Protection du patrimoine culturel ont annoncé un moratoire de 4 mois mais contrairement aux recommandations de l'expert un projet de plan a été élaboré avec des densités qui augmentent, des constructions en sous-sol plus nombreuses, la protection de certaines façades et non des immeubles, des parkings souterrains induisant la destruction de plusieurs jardins, etc.
Le 29 mai 2008, l’assemblée générale de la capitale a voté contre la proposition d'Imre Ikvai-Szabó, Maire-adjoint de Budapest, d'un moratoire pour tout le territoire du quartier juif.
II – Jean-Pierre Frommer président de l'Association des Mardis hongrois de Paris remercie les organisateurs et notamment András Derdák, directeur de l'Institut hongrois d'avoir accepté d'héberger cette conférence dans un lieu symboliquement important, ambassade de la culture hongroise en France.
Le combat que mène Anna Perczel c'est le combat de la civilisation contre la bêtise et la cupidité a-t-il déclaré.
Les Mardis hongrois de Paris ont rédigé début 2007 une pétition demandant la sauvegarde du quartier juif de Budapest qui a rencontré immédiatement une grande adhésion des personnalités d'origine hongroise vivant à Paris. Plus de 300 signatures sont recueillies et envoyées au Directeur du Centre du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, qui demande à la délégation hongroise de l'UNESCO de lui rendre des comptes sur la situation. La pétition déclenche la mission d'expertise.
Pendant ce temps, au premier trimestre 2008, des lettres ouvertes relayées dans la presse hongroise, sont adressées au Président de la République et au Premier ministre hongrois ainsi qu'au Maire de Budapest. Un article est publié dans Le Monde du 24 janvier 2008 sous le titre « Halte à la destruction du quartier juif de Budapest » et une interview est accordée à Julia Cserba pour l'hebdomadaire culturel Elet és irodalom. Ces articles reçoivent un écho indéniable dans la presse hongroise et internationale.
Mais, mais, mais, ... le scandale international ne parvient pas à infléchir la bêtise et la cupidité … pour le moment.
III - Michel Polge, expert de l'ICOMOS, a rappelé très nettement que les démolitions-reconstructions représentent une perte réelle, très regrettable pour le quartier. Selon lui, le vieux quartier juif présente une qualité patrimoniale architecturale évidente et remarquable, possèdant beaucoup d'atouts pour la réhabilitation et pas d'obstacle majeur à sa mise en oeuvre.
Le quartier constitue un atout économique fort pour le tourisme.
A la question : les opérations de démolition-reconstruction posent-elles un problème pour le patrimoine mondial ? La réponse de l'expert est sans ambiguïté : oui c'est une perte réelle, très dommageable pour le quartier et ce n'est pas compatible avec un site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
La réglementation actuelle est inadaptée pour une zone tampon du patrimoine mondial.
Une idée force en guise de conclusion du diagnostic : les problèmes sont d'abord de nature économique.
Résumé de ses propositions :
Arrêter les démolitions réexaminer tous les permis de démolir et éventuellement indemniser les bénéficiaires de ces permis.
Il faut édicter un moratoire sur toute démolition tant que le nouveau plan d'urbanisme compatible avec le Patrimoine établi en accord avec toutes les parties n'est pas validé.
Un nouveau plan d'urbanisme, compatible avec l'inscription au patrimoine mondial devrait être établi le plus vite possible en accord avec toutes les parties et après consultation publique.
Il faudrait revoir les hauteurs et densité à la baisse.
Pour les immeubles neufs, il convient de rechercher une qualité architecturale en rapport avec la qualité exceptionnelle du Patrimoine.
Constatant que les investisseurs achètent des logements à titre de placements en les laissant vides, l'expert propose de taxer les logements neufs inhabités pour améliorer l'offre locative.
Michel Polge propose de mettre en place des outils économiques notamment fiscaux favorisant la réhabilitation.
IV - Maggie Cazal en guise de conclusion propose la rédaction d'une nouvelle pétition qui sera mise à la discussion.
Source Dossier de presse de l'Institut hongrois de Paris
vendredi 13 juin 2008
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