La galerie Polka présente
Budapest Courtyards, la
nouvelle exposition inédite d’Yves Marchand & Romain Meffre. Après
le succès de leurs travaux sur les usines abandonnées d’
Industry (2004-ongoing), les vestiges de
Detroit (2005-2010), les
Theaters américains (2005-ongoing) et l’ile japonaise de
Gunkanjima (2008-2012)
les deux jeunes photographes français, réunis depuis 2002 par leur
passion commune pour les ruines contemporaines, livrent cette fois-ci le
fruit de leur travail sur des lieux habités : les cours d’immeubles de
Budapest.
Une série inédite et radicalement différente des
précédentes, sur le fond et sur la forme, imaginée autour de formats
plus petits ainsi que de mosaïques d’images permettant une véritable
appréhension sérielle et taxinomique.
C’est derrière les façades fin de siècle de la capitale
hongroise que le duo de photographe a enquêté. Pendant deux ans, entre
2014 et 2016, et après de minutieux repérages sur Internet, à partir de
cartes satellites, de vues aériennes, de blogs de passionnés d’urbanisme
ou même des sites d’annonces immobilières, Yves Marchand & Romain
Meffre ont multiplié les allers-retours. Pour tenter de capter les
singularités d’une ville phare de la Mittel Europa, noyée dans les paradoxes de sa propre architecture, entre influences viennoises, juives et ottomanes. Imparfaite et raffinée, grande et pauvre, monumentale et chancelante, éblouissante et noire.
Budapest est une « lèpre sur un corps de déesse», une ville « manquée », et « suspecte » écrit le Corbusier. Pastiche de Vienne, elle-même copiée sur le Paris d’Hausmann, elle est une vieille héritière médiévale en même temps que la fille de la révolution industrielle.
Et c’est à travers le non-style total de son bâti et l’éclectisme
singulier de ses milliers de cours cachées derrière les façades
d’immeubles — là où bat le cœur de la ville — que se raconte une
histoire impossible. Celle d’une étrange Babel deracinée, irréductible à
toute définition architecturale précise.
Les cours de Budapest, Marchand et Meffre veulent en
dresser une typologie, forts, toujours, d’un protocole documentaire
précis : une chambre photographique et un cadre froid, propice à la
réalisation d’un répertoire objectif tels que pourraient le façonner
Bernd et Hilla Becher, les chantres de l’objectivité allemande.
Sauf que les carcasses sidérurgiques et minières de la
Ruhr qu’ils ont tant photographiées ont cette fois-ci, laissé la place à
des cours serties de « gangs » ces fameuses coursives intérieures
parcourant plusieurs étages. Elles ne sont pas abandonnées. Mais elles
sont restées à l’abri du temps et du monde contemporain. Engloutissant
les habitants, elles sont devenues à leur tour des personnages. Des
témoins, des conteurs. Les guides du spectateur.
Marchand & Meffre détaillent : « Avec leurs murs
ocres devenus grisâtres, leur arcades patinées et leur balcons, elles
avaient un air de palazzo italien. Mais leur étroitesse et leur
multiples coursives renforçaient l’effet de symétrie et leur conféraient
aussi un aspect de panoptique carcéral: c’était un ensemble étrange et
fascinant (...). »
A travers le caractère de ses cours et leur syncrétisme,
la ville de Budapest se dévoile, ajoutent-ils, « comme une synthèse de
toutes les références historicistes qui ont marqué la fin du XIXème et
le début du XXème siècle : néo-renaissance, néo- roman, néo-byzantin,
néo-gothique, néo-baroque, Art Nouveau influencé par le jugendstil,
éléments vernaculaires, Bauhaus et tout une kyrielle d’inter-styles peu
définissables dérivés des précédents. Cela nous a rappelé l’hyper-
éclectisme des salles de spectacle américaines de Theaters. Un
ensemble kitch et émouvant oscillant entre nostalgie, exotisme et
recherche de modernité. Où l’architecture, comme le visage d’une société
en voie de globalisation économique et culturelle, tente de définir une
identité qu’elle sent se diluer dans la marche du monde. » Au départ
conçue comme une série de quelques dizaines d’images, Budapest Courtyards évolue
rapidement vers un ensemble de plus grande envergure. A mesure que les
auteurs multiplient les visites et découvrent de nouvelles cours cachées
(400 ont été visitées à ce jour).
La série finalisée compile près de 170 images, autour de deux formats inédits — 60x75cm et 120x150cm — un choix délibéré, éloignant les artistes du très grand format, justifié par le caractère typologique de Budapest Courtyards.
L’exposition est également composée de polyptiques édités en pièces
uniques réunissant 9 ou 21 images sous forme de mosaïques.
Pour les artistes, ce travail s’apprécie comme un — «
ensemble descriptif de ce type très particulier d’habitat collectif et
un témoignage de l’histoire mouvementée de la ville, de ses batailles,
des changements de régimes politiques et économiques, de ses divers
aménagements et des petites stratégies d’adaptation individuelle qui en
résultent. »
Cour de Venise
12, rue Saint-Gilles
75003 Paris, France
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OUVERTURE
Du mardi au samedi de 11h à 19h00
ou sur rendez-vous.
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Bus 29, 96, 65, 20
Parking Saint-Paul