"Libération" de Sándor Márai est un récit inspiré par les derniers jours du siège de Budapest, qui dura de janvier à février 1945. Budapest est enserré par l’Armée rouge et défendu avec acharnement par les Allemands, qui, alliés aux fascistes hongrois, les Croix fléchées, ont envahi la Hongrie un an plus tôt. Le roman fut écrit en trois mois, entre juillet et août 1945, quelques semaines après la fin du siège. Il ne sera publié qu’après la mort de l’auteur, en 2000, pour le centième anniversaire de sa naissance." Extrait d'un article paru dans Libération du 8 novembre 2007
En avril 1945, Budapest est libérée par l’armée russe, au terme d’un siège implacable. Cet épisode historique, que Sándor Márai évoquera vingt-cinq ans plus tard dans ses Mémoires de Hongrie, lui inspire, à chaud, ce roman qu’il achève en quelques mois.
Libération évoque les dernières semaines du siège : dans les caves d’un immeuble se terrent une centaine de réfugiés. L’oreille tendue vers les tirs d’artillerie et le fracas des bombes au-dessus de leurs têtes, ils attendent l’issue d’un combat incertain. Autour de la jeune Élisabeth, fille d’un savant renommé, résistant au nazisme, se rassemblent des gens de toutes origines et de toutes opinions. Au fil des jours, dans l’atmosphère oppressante de ce huis-clos, la solidarité et la courtoisie initiale cèdent la place à la méfiance, à l’agressivité : les caractères se révèlent, les masques tombent. Et tandis que la situation au-dehors évolue, on ne sait ce qu’il faut redouter le plus : les « libérateurs » russes, ou les derniers sévices des nazis acculés...
Dans cette oeuvre dont, par testament, il n’autorisera la publication que pour le centième anniversaire de sa naissance, Márai donne une magistrale leçon de littérature : le matériau brut du reportage se transforme sous sa plume en un récit somnambulique et puissant, empreint d’un profond scepticisme et bouleversant de bout en bout.
SÁNDOR MÁRAI Libération Traduit du hongrois par Catherine Fay. Albin Michel, 224 pp., 18 euros.
Voir aussi le Figaro du 22 novembre 2007
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