Dans le Monde du dimanche 23 – lundi 24 mars 2014 est paru la lettre ci-dessus. Malgré la respectabilité généralement reconnue à son auteur sa lettre est une tentative de disculper un criminel et de gommer des vérités historiques bien établies. Je me permets donc de vous adresser [au quotidien Le Monde] une simple mise au point au sujet du régent Miklos Horthy.
Paul Wiener
Lecteur du Monde depuis plus d’un demi-siècle
Le régent Miklos Horthy, chef d’état de la Hongrie entre les deux guerres, s’est rendu coupable d’une série d’assassinats en 1919, de la déportation d’une population juive en 1941 livrée aux allemands en connaissance de cause, sachant que ces gens allaient tous être massacrés et du génocide par déportation à Auschwitz de plus de quatre cents milles juifs hongrois en 1944. Tous ces crimes sont parfaitement documentés.
Les tueries en 1919 ont été organisées par les éléments de son armée. Ainsi dans une seule petite ville, la ville de Siofok on estime à 570 le nombre de victimes assassinées sans jugement parfois de la manière la plus sauvage. Tous n’étaient pas juifs, de nombreux partisans de la Commune de Hongrie qui a dirigé le pays pendant trois mois après la première guerre, en faisaient partie. Paul Morand qu’on ne pouvait soupçonner de sentiments pro bolcheviques a parlé des caves d’un hôtel de Budapest affectées à la torture pendant ce qu’on a appelé la terreur blanche de 1919-1920.
La déportation des juifs en 1941 en Ukraine occupée par les allemands, des territoires récupérés par la Hongrie après l’arbitrage dit de Vienne, a eu lieu sans exigence de la part des allemands. Bien au contraire la Wehrmacht a demandé à ce qu’ils soient renvoyés en Hongrie mais les autorités hongroises ont refusé catégoriquement. Alors les 26000 juifs hongrois ont été massacrés à Kamenets-Podolski, ville frontière.
Lors de l’occupation allemande de la Hongrie en mars 1944 Hitler tenait à faire avaliser par Horthy la nomination d’un gouvernement pro allemand, ce qui a été fait. Horthy est resté chef d’Etat, donc responsable de ce qui pouvait se passer dans son pays. Il a boudé pendant deux mois et c’est ainsi qu’il a laissé faire la déportation, réalisée par la gendarmerie hongroise, là encore souvent dans des conditions atroces. Les deux cents allemands groupés autour d’Eichmann ont seulement encouragé et conseillé l’administration hongroise. Ils ont aussi admiré son efficacité ! Horthy, alarmé par les réactions anglaises et américaines, sachant la guerre perdue, a arrêté la déportation en juin 1944. Les services hongrois, gendarmerie comprise ont immédiatement obéi. Pourquoi n’est-il pas intervenu plus tôt ? En tant que chef d’Etat il était évidemment responsable de tous les crimes commis en son nom. Depuis une dizaine d’année l’extrême droite hongroise a entrepris une campagne de réhabilitation de Horthy.
Paul Wiener
Paris
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