Du 27 au 30.01 et du 9 au 13.02/2012*
LES PASS IDEAL LE STANDARD IDEAL :
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Allemagne
Les mises en scène de David Marton renvoient à la musicalité de l’Homme.
Dans la forme si particulière de théâtre musical qui est la sienne,
musique et opéra ne se contentent pas de constituer la toile de fond du
théâtre. La musique ne sert pas à créer des ambiances de scènes ni à
illustrer les sentiments intimes allant avec. Et le public ne se limite
pas à admirer les morceaux de bravoure des virtuoses. David Marton
abolit les conventions et les hiérarchies qui régissent le champ musical
en accordant un même intérêt aux styles musicaux et aux formes chantées
les plus diverses. Sur la scène se rencontrent des musiciens de grand
professionnalisme et des comédiens aux talents multiples, cherchant
ensemble le lien entre la musique et la langue.
De ce point de vue, porter son choix sur le Clavier bien tempéré a
valeur de programme. Ici aussi, pour David Marton, le déclencheur a été
la musique d’abord. Et ce n’est, cette fois, pas de l’opéra mais de la
structure de cette œuvre fondamentale que sera développé le propos
théâtral.
Bach développe dans les deux tomes du Clavier toutes les potentialités
qu’offre la tonalité tempérée inventée peu de temps auparavant, ce
découpage à la précision quasi mathématique de l’octave en intervalles
égaux. Pour David Marton, une grande variété de thèmes naît de
l’organisation systématique des préludes et des fugues, de cet
entrelacement de mouvements entre ces deux formes musicales, des
compositions polymélodiques de Bach. Et, entre autres, la question de
savoir quels agencements caractérisent aujourd’hui une société à la
polyphonie souvent contradictoire, entre la prétention de l’individu à
l’originalité et l’organisation normative du groupe.
David Marton a découvert La Mélancolie de la résistance, roman
du grand écrivain hongrois László Krasznahorkai, un peu par hasard.
évoquant tous les symptômes d’un écroulement apocalyptique,
Krasznahorkai décrit le panorama grotesque d’une petite ville, dans
laquelle un étrange cirque a pris ses quartiers et attise la révolte
collective. Entre décomposition, résistance, contraintes du groupe et
jeux de pouvoir, des figures bizarres errent en quête d’une totalité
harmonieuse qui finit par se perdre en particules insaisissables.
David Marton et sa formidable troupe de musiciens et de comédiens
donneront forme, sur la scène, à cette parabole du déclin et de
l’immobilité, du pouvoir et de l’impuissance dans une société. En
partenariat avec la Schaubühne de Berlin (une co-création), un travail
de mise en scène qui dépasse délibérément les frontières et ouvre de
nouvelles perspectives entre littérature et musique au théâtre
notamment.