Depuis l’annonce que le prix Nobel de littérature lui était attribué, on assiste à la célébration d’un lieu commun à l’assurance grotesque : la vie et l’œuvre d’Imre Kertész sont confondues en une seule et même apologie. Ce n’est pas qu’il s’agisse, en les séparant, de les rendre indifférentes l’une de l’autre, mais simplement d’éviter de les lier indéfectiblement par un rapport simplificateur de cause à effet, de résoudre ce qu’elles partagent à de sommaires équivalences sur le marché de la signification éditoriale.
Lire les livres d’Imre Kertész procure le sentiment d’une véritable rencontre avec une écriture travaillée à même la langue et au travail de laquelle ni la ponctuation, ni la syntaxe, ni les mots et leur nuance, ni les adverbes et leur répétition ressassante – et encore moins le souffle – n’ont été laissés au hasard par l’écrivain. Mais on ne peut faire des pages de Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas [1990], 1995, d’Être sans destin [1975], 1998, d’Un autre [1997], 1999, de Le Refus [1988], 2001, la scène sur laquelle viendrait s’exposer à nous le témoignage direct de l’auteur sur l’Histoire qu’il a traversée, des années vingt à nos jours. La littérature ne se réduit pas à cette équation, c’est pourquoi il faudrait, pour lire Kertész, oublier qu’en 2002, il a été Nobel et encensé pour cette raison. Nul besoin pour ses livres du capital symbolique qui l’auréole maintenant. C’est pourquoi nous proposons ce retour sur son écriture avec un entretien réalisé en juillet 1999 [1].
La suite de l'article-entretien dans la revue Mouvements
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