mardi 15 janvier 2013

Anniversaire par Flora

Ce douzième billet d'humeur est aussi un anniversaire. Cela fait un an que j'ai répondu à l'aimable invitation de Jean-Pierre Frommer qui m'avait proposé d'agrémenter les pages des Mardis hongrois de ces « billets d'humeur » libres et informels, comme ça vient, à mon rythme.
Un défi intéressant : le français, je l'ai appris au lycée comme deuxième langue, à trois maigres heures par semaine, avec une prof très gentille mais manifestement mal à l'aise et morte de peur d'être prise en défaut par des élèves qui avanceraient plus vite qu'elle... Ensuite, j'ai obtenu, à la fac de Szeged, un diplôme de professeur de russe et de français, et j'ai enseigné deux ans sans jamais avoir mis le pied en France. Le vrai apprentissage du français a commencé pour moi par amour, avec amis et belle-famille, et surtout, avec un mari écrivain. Et cet apprentissage ne s'arrêtera probablement jamais...
Langue étrangère, langue maternelle, bilinguisme (ou plus)... Pour moi, c'est un destin de caméléon. Je ne suis pas tout à fait la même personne lorsque je « vis » en français, que celle qui regagne la langue de ses 25 premières années... Je lis Màrai, inconsolable de la perte, à cinquante ans, du pays et de la langue maternelle qui demeure pour lui la langue exclusive de l'écriture. Agota Kristof appelle le français « langue ennemie » qui détruirait petit à petit le hongrois, sa langue maternelle. Elsa Triolet, premier prix Goncourt féminin, s'est approprié le français à la perfection, au point de se poser la question : «  Être bilingue, c'est un peu comme d'être bigame : mais quel est celui que je trompe ? »
Pour moi, les langues sont des horizons nouveaux, enrichissement, ouverture, plages de liberté... Nouvelles langues, nouvelles amours, passionnées ou tièdes...
Et la langue maternelle dans tout cela ? C'est l'initiation primordiale, hiéroglyphes mystérieux inscrits dans les gènes, ineffaçables. Comme notre attachement indestructible à notre mère.
Flora
Le blog de Flora en français

3 commentaires:

  1. Il paraît que le mot traducteur a la même racine que le mot traître?Comme vous le disiez si justement
    "Être bilingue, c'est un peu comme d'être bigame : mais quel est celui que je trompe ?"
    c'est être aussi un pont entre deux cultures entre deux mondes , c'est faire le lien entre des êtres qui ne se comprennent pas... béni soient les bilingues! : Ils sont le trait d'union entre les peuples!
    Merci

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    1. Bonsoir, Stéphanie, merci de vous être arrêtée sur mon billet. En effet, le pont est un de mes symboles préférés! Aller et venir d'une langue à l'autre, c'est pénétrer l'intimité des peuples, créer des liens - et s'enrichir immodérément, même si cette richesse ne se trouve pas au fond des coffres-forts!

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  2. Bonjour Stephanie, en effet, le bilinguisme c'est comme appartenir à deux mondes simultanément, il y a une étrangeté intrinsèque à cet état.

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