Portrait - A 22 ans, le musicien inquiète le pouvoir en Hongrie. Avec ses paroles engagées, il est devenu plus populaire que le premier ministre. Elevé par une famille modeste, cet autodidacte a appris à composer sur Internet et incarne une jeunesse lasse d’être gouvernée depuis quatorze ans par les mêmes dirigeants nationalistes.
"Tranquille. A vingt-quatre heures du plus gros concert jamais organisé en Hongrie, Azahriah traîne, insouciant, avec quelques amis au milieu du stade Puskas, cette gigantesque enceinte sportive construite en 2019 à l’initiative du premier ministre, Viktor Orban, en plein cœur de Budapest. La plus célèbre pop star de l’histoire de ce pays d’Europe centrale s’apprête alors, à 22 ans seulement, à remplir les lieux trois soirs de suite, vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 mai. Malgré les cent trente mille spectateurs attendus, les techniciens occupés à abaisser en urgence la scène, trop haute, et les musiciens qui font les balances en retard, Attila Bauko, le vrai nom d’Azahriah, assure « ne pas avoir le trac ». Alors que toute la Hongrie se demande si ce jeune chanteur brun et fluet à l’esprit contestataire sera à la hauteur des attentes, lui s’inquiète surtout de savoir s’il a besoin de tickets pour manger à la cantine.Les médias gouvernementaux affirment alors depuis deux jours que ses fans « se revendent les billets massivement sur Internet » et lui prédisent un bide. « C’est n’importe quoi, au mieux vous verrez quelques sièges vides », commente le chanteur, goguenard. La suite lui a donné raison, le petit gars venu des quartiers nord de Budapest a bien rempli le stade ces trois soirs de la fin mai. « Aucun groupe n’a jamais réussi à faire ça en Hongrie », avait vanté en amont son manageur, Gergely Tóth.
Non content de remplir le Puskas, Azahriah a fait entonner une de ses chansons les plus subversives, Four Moods 2. « Si je vous disais ce que je pense, ça serait politiquement incorrect/Si je disais que la misère et les crampes d’estomac/C’est parce qu’on t’a volé et qu’on t’a craché au visage des dizaines de fois/vous pourrez toujours vous agenouiller comme des conservateurs/Sache que mon avenir et votre argent ne vont pas de pair », clame-t-il dans ce titre dont le clip, qui cumule près de trois millions de vues sur YouTube (pour un pays de dix millions d’habitants), moque la propagande de Viktor Orban à coups d’images de Charlie Chaplin singeant Adolf Hitler." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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