C’est pour l’enfant auquel il n’a jamais voulu donner naissance qu’Imre Kertész prononce ici le kaddish. D’une densité et d’une véhémence qui font songer à Thomas Bernhard, ce monologue intérieur est aussi le récit d’une existence confisquée par le souvenir de la tragédie concentrationnaire. La vie d’Imre Kertész, qui connut la déportation à Auschwitz et Buchenwald, est littéralement lacérée par le sentiment de l’exil intérieur que renforcent les conditions de la vie intellectuelle et quotidienne de la Hongrie d’avant 1989.
Proférée du fond de la plus extrême souffrance, cette magnifique oraison funèbre affirme l’impossibilité d’assumer le don de la vie dans un monde définitivement traumatisé par l’Holocauste. Ce que pleure le narrateur, ce n’est pas seulement "l’enfant qui ne naîtra pas" : c’est l’humanité tout entière.
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L'auteur : Imre Kertész
Imre Kertész est né le 9 novembre 1929 dans une famille juive et modeste de Budapest. Déporté à l’âge de quinze ans à Auschwitz, il est ensuite transféré à Buchenwald puis au camp de travail de Zeitz. Son expérience des camps de concentration le marque profondément et imprègne toute son œuvre. Il déclare lui-même : « Quand je pense à un nouveau roman, je pense toujours à Auschwitz ».
Libéré en 1945, il retourne en Hongrie où il découvre que toute sa famille a été exterminée. Il exerce le métier de journaliste pour le quotidien Világossá, mais est licencié en 1951, lorsque le journal devient l’organe du parti communiste. Il se consacre alors à la littérature, après la lecture, marquante, de L’Étranger de Camus et traduit des auteurs de langue allemande tels que Hofmannsthal, Freud, Canetti, Nietzsche et Wittgenstein.Être sans destin est son premier roman. Paru en 1975 dans l’indifférence générale. Écrivain de l’ombre pendant quarante ans, Kertész gagne alors sa vie en écrivant des comédies musicales et des pièces de boulevard et en faisant des traductions.
Refusant tout nationalisme, il se décrit lui-même comme un Juif européen et vit avec sa femme à Budapest. Gravement atteint de la maladie de Parkinson, il a dû en effet renoncer en 2013 à son choix de vivre à Berlin où il s’était fixé en 2002.
Kertész a obtenu le prix littéraire du Brandebourg en 1995, le prix Herder en 2001, le Prix d'honneur de la Fondation Robert Bosch 2002.
En 2002, il devient le premier écrivain hongrois à recevoir le prix Nobel de littérature.
Toutes les œuvres sont traduites par Natalia Zaremba-Huszvai et Charles Zaremba et publiées chez Actes Sud.
1975 : Être sans destin (Sorstalanság), Actes Sud, 1998
1977 : Le chercheur de traces (A nyomkereső), Actes Sud, 2003
1977 : Roman policier (Detektívtörténet), Actes Sud, 2006
1988 : Le Refus (A kudarc), Actes Sud, 2001
1990 : Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas (Kaddis a meg nem született gyermekért), Actes Sud, 1995
1991 : Le Drapeau anglais (Az angol lobogó), Actes Sud, 2005
1992 : Journal de galère (Gályanapló), Actes Sud, 2010
1993 : Procès verbal (Jegyzőkönyv), Actes Sud 2010
1993 : L'Holocauste comme culture (A holocaust mint kultúra), Actes Sud, 2009
1997 : Un autre : chronique d'une métamorphose (Valaki más: a változás krónikája), Actes Sud, 1999
2001 : La langue expatriée (A száműzött nyelv), Actes Sud, 2009
2003 : Liquidation (Felszámolás), Actes Sud, 2004
2006 : Dossier K, Actes Sud, 2008
2011 : Sauvegarde (Journal 2001-2003), Actes Sud, 2012
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