A deux jours d’intervalle, il est arrivé la même mésaventure à Andras Kusinszki, 64 ans, et à Janos Csoka-Szucs, 54 ans, deux anonymes opposants hongrois, qui ont osé critiquer la politique de Viktor Orban sur Facebook. Sur les coups de 6 heures du matin, la police a débarqué à leur domicile pour les arrêter, saisir leur matériel informatique et ouvrir une procédure pour « propagation d’information alarmante » destinée à nuire à l’action du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie. Ce délit est passible de cinq ans de prison depuis la loi sur l’état d’urgence, adoptée le 30 mars, qui attribue des pouvoirs illimités au premier ministre nationaliste.
« Ils sont arrivés chez moi mardi [12 mai] avec un ordre de perquisition en me demandant si je reconnaissais avoir écrit un post sur Facebook le 28 avril, a expliqué au site Index Andras Kusinszki, qui habite dans la région de Szerencs, dans le nord de la Hongrie. J’ai reconnu que oui et ils m’ont amené au commissariat. » Dans son post, ce retraité débonnaire avait critiqué la politique de déconfinement en Hongrie. « Notre cher leader, qui n’a jamais tort, ne ment jamais, a prévu que le pic de l’épidémie serait atteint le 3 mai. Et que, dès le 4 mai, vous pourrez relâcher les restrictions de mouvement. Cher dictateur (…), n’envoyez pas des milliers de personnes à la mort », implore-t-il dans ce post « liké » onze fois seulement avant son arrestation.
« Visiblement gênés »
Conformément
à ses pratiques habituelles, la police hongroise a filmé toute
l’arrestation et la perquisition et a publié la vidéo sur YouTube. Dans
un communiqué, elle a reproché au retraité d’avoir prétendu que « les
dirigeants du pays avaient délibérément programmé la levée des
restrictions de déplacement au moment où le coronavirus atteignait son
apogée ». « La police surveille constamment Internet et, dans les cas les plus graves, engage une procédure pénale », prévient
le communiqué. Après quelques heures en garde à vue, M. Kusinszki a
toutefois été libéré et le parquet a annoncé renoncer à le poursuivre,
car, « pour que le crime ait lieu, l’auteur doit divulguer au public
une fausse information. Or la publication Facebook n’en contient pas ».
Cela
n’a pas empêché la police hongroise de faire vivre la même expérience
le lendemain, mercredi 13 mai, à Janos Csoka-Szucs. Cet autre partisan
de l’opposition habite à Gyula, à l’autre bout du pays. Il avait, lui,
partagé un post Facebook d’un député d’opposition, qui dénonçait la
décision de M. Orban de faire libérer en urgence 30 000 lits d’hôpitaux
pour accueillir les malades du Covid-19. Une décision injustifiée au vu
du faible nombre de contaminations dans le pays et qui a poussé des
milliers de malades, parfois dans un état grave, à être expulsés des
hôpitaux. « A Gyula, 1 170 lits ont été vidés », a juste affirmé M. Csoka-Szucs sur Facebook." La suite sur lemonde.fr (article payant)
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