Parution le 9 avril 2009
Quelle est la place des pays d’Europe centrale désormais intégrés à l’Union européenne ? À l’heure où se pose la question des frontières d’une Europe unie et des limites de son ambition, l’Europe centrale se trouve une fois de plus placée dans une situation périphérique. Notre perception actuelle demeure marquée par la guerre froide qui a fait disparaître l’Europe centrale du paysage européen, où elle était bien présente, notamment du point de vue français.Malgré les aspirations occidentales de ce qui fut relégué dans une marge globalisée par le terme d’« Europe de l’Est », l’histoire de la région et son appartenance à l’empire des Habsbourg en font un espace intermédiaire, aux frontières elles aussi mouvantes, entre deux puissances, sinon menaçantes, du moins dangereuses – quels qu’aient pu être leurs régimes politiques.
L’Europe centrale est-elle destinée à demeurer une réalité pour ses seuls intellectuels, les historiens qui y trouvent leur objet d’étude et les touristes ?
Un univers mental fait de la conscience de ses nations d’être mortelles et une entité où la culture joue un rôle surévalué ? Elle a pourtant la prétention de devenir « normale », ainsi que l’ont affirmé ses dirigeants au moment de l’adhésion de 2004, c’est-à-dire de s’inscrire dans une durée longue, caractéristique des grandes nations occidentales. Mais malgré cette nouvelle conscience de soi dont jouissent ses peuples aujourd’hui inclus dans un système de sécurité et, il faut l’espérer, de prospérité, l’Europe centrale ne peut se défaire de son histoire et de ses repères à jamais communs. Elle reste une région inscrite dans les mentalités et les souvenirs, un monde de cultures et de sensibilités différent, et, à ce titre, un espace à part entière de l’Europe qu’elle doit contribuer à enrichir en lui rappelant sans cesse par sa présence de ne pas oublier son passé.
Catherine Horel, directrice de recherche au CNRS (IRICE, Université de Paris-I) est spécialiste de l’Europe centrale contemporaine. Membre de plusieurs organisations et équipes de recherche internationales, elle a enseigné à Strasbourg-III (Centre d’études germaniques), à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (Institut d’études européennes), à l’Université de Vienne ainsi qu’à Paris-I. Elle est l’auteur, entre autres, de Histoire de Budapest, Paris, Fayard, 1999 ; La restitution des biens juifs et le renouveau juif en Europe centrale (Hongrie, Slovaquie, République tchèque), Wiener Osteuropa Studien, Peter Lang, Berne, 2002 ; De l’exotisme à la modernité. Un siècle de voyage français en Hongrie (1818-1910), Budapest, ELTE (Új és Jelenkori Egyetemes Történeti Tanszék), 2004 ; Soldaten zwischen nationalen Fronten. Die Auflösung der Militärgrenze und die Entwicklung der königlich-ungarischen Landwehr (Honvéd) in Kroatien-Slawonien 1868-1914, Vienne, Académie des sciences (Commission d’histoire de la monarchie des Habsbourg), 2009.
http://www.editions-beauchesne.com/
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