"Le ministre de l'énergie a défendu la présence de György Spiró et d'Imre Kertész parmi les sujets du baccalauréat en déclarant "Thomas Mann, en dépit de son homosexualité est resté dans les canons de la littérature".
Le député Zsolt Németh, du parti Jobbik (extrême droite), dans une question écrite qu'on peut lire sur le site du Parlement, cherchait à savoir si le gouvernement faisait des pas concrets pour que les écrivains anti-hongrois haineux ne puissent plus figurer dans les sujets du baccalauréat.
Zsolt Németh énumère György Spiró et Imre Kertész parmi, selon lui, les écrivains anti-hongrois, citant une phrase du premier "Viennent de nouveau les Hongrois de souche au thorax bombé, les poètes des saules, admirateurs des saules, ils viennent du fin fond de la merde"- à propos du dernier, il écrit que "dans son interview devenue célèbre il a fait une peinture scandaleuse de Budapest, puis il a demandé lui même qu'on ne le qualifie pas de Hongrois".
Réthelyi, dans sa réponse, a déclaré que le gouvernement non plus n'est pas d'accord avec les déclarations citées de ces écrivains contemporains, mais il ne veut être l'héritier d'aucune dictature de quelque couleur que ce soit, sur la base d'un choix artistique de nature politique. Selon le ministre, il faut donner du temps pour que le tri se fasse "entre l'éventuelle valeur esthétique et l'éventuelle valeur morale - sur ces deux plans, l'absence de valeur - et notre sensibilité historique actuelle", lorsque vient le moment de l'arbitrage parmi les auteurs pouvant figurer dans les sujets du baccalauréat.
Selon Miklós Réthelyi " restent dans les canons, László Németh malgré son compte-rendu de voyage en Union soviétique, Bartok malgré son rôle dans la révolution de 1919, Thomas Mann malgré son homosexualité, Attila József malgré son adhésion au Parti communiste, et nous pourrions continuer la liste"." Paru en langue hongroise sur index.hu
Traduction : JPF
mercredi 4 mai 2011
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Cela donne le vertige, le haut-le-coeur, un avant-goût de dictature fasciste ou stalinienne, le liant est souvent le même: censure idéologique, sans l'ombre de tolérance. Où va-t-on?...
RépondreSupprimerOui Flora, vertige et haut-le-cœur sont les sensations qu'on éprouve en lisant cela. J'ai souhaité le traduire pour montrer aussi le triste niveau des débats politiques en Hongrie. La France n'a toutefois rien à envier à la Hongrie dans ce domaine.
RépondreSupprimerMerci bien JPF pour la traduction de cet article. En effet, en France "nos" politiciens sont aussi médiocres, voire pires vu leurs ignorances que la presse à leur service font passer pour des hiatus ou je ne sais plus quel terme...
RépondreSupprimerA lire ainsi (c'est à dire sans se souvenir ou s'occuper de rien d'autre), cet article peut, c'est vrai aussi, provoquer la nausée. Cependant je remarque ceci: de par mon souvenir de lecture il y a quelques mois, probablement suggéré par l'un de vos fils, du fruit d'une recherche qui me conduisit à un débat parlementaire où un jobbik interpelait le ministre (ou secrétaire d'état) de la culture sur la question de savoir quand se déciderait-il à virer les directeurs de théâtre "anti-hongrois, juif, homo" etc... Et le secrétaire ou ministre de répondre avec circonvolution que "qui sait attendre, sera satisfait" ou qc de ce genre!
Au moins le ministre de l'énergie (étrange au demeurant que cela vienne d'un tel "porte-feuille" - que pense donc le ministre de l'éducation ? qui en toute logique - peut-être fr, il est vrai - serait plus habilité dans ce cadre), au moins, dis-je, ce mr Réthelyi répond sans s'aplatir comme son collègue précité, voire même fait de la résistance!
Reste toutefois à savoir ou comprendre ce que sont les auteurs "canons". Car si on peut condamner Bartok (qui avait 38 ans en 19) pour sa participation à la révolution de 19 - ce que j'ignorais -(au même titre sans doute que Babits qui fut lui professeur d'université de avril à juin 19, nommé par le conseil révolutionnaire et auteur d'un poème [Az Antikrisztust kelni láttuk őt...] = "Nous avons vu se lever l'Antéchrist" valorisant les espoirs que nourrissaient cette révolution, Babits est alors tout aussi à exclure, quand bien même en juillet 1919 il eut écrit "Szíttál-e lassú mérgeket ?" = "As-tu aspiré de lents poisons" qui cette fois condamne la dite révolution et d'autres poèmes à la suite de Trianon comme "Hazám!" = "Ma patrie!" ou "Free Trade" (les 2 poèmes en 1919 - 1920), comme Bartok a poursuivi ses recherches...), si donc il faut pour "être canon" être pur et sans "tache",... dans un siècle aussi tourmenté... Absurdité, surtout en ce domaine, qui ne peut conduire qu'à radier toute la culture depuis... au fait depuis quand ? Quel est l'auteur sans tache et sans "reproche" possibles, même de derrière les fagots ? Cela rappelle l'Inquisition en Espagne, par exemple... Et si je me souviens bien, Babits n'est pas jeté par les nationalistes sur leur site, alors que Bartok le serait, lui qui a mis à jour ce qui fait le patrimoine musical majeur de la Hongrie!! Vraiment c'est le comble de tout!
Donc réjouissons-nous (malgré notre tristesse actuelle) qu'il y eut la réponse à priori sans ambiguité du bonhomme Réthelyi, sans qu'il soit lui-même un saint probablement...
Bonjour michartpoesho et merci pour votre contribution. Ma traduction n'est pas forcément toujours bien claire, le mot "canon" est utilisé ici pour désigner les canons de la littérature, c'est-à-dire ce qui est admis par les "spécialistes" comme perfection esthétique. Mais je pense que vous l'aviez compris. Évidemment ce qui comptait en matière d'arts, de littérature, de sciences dans les années de l'entre deux guerres et particulièrement après la Commune de 1919 à laquelle beaucoup d'intellectuels avaient adhéré, ne pouvait guère entrer dans les critères de valeur des fascistes et antisémites qui gouvernaient la Hongrie de cette époque, ce qui a d'ailleurs provoqué le départ à l'étranger de nombre de grands artistes et savants. La réponse de Réthelyi relève du lapsus révélateur en ce qu'il semble considérer l'homosexualité de Mann comme une tache mais dont on peut ne pas trop lui tenir rigueur, vu qu'il n'était pas trop mauvais comme littérateur :)
RépondreSupprimerTriste spectacle néanmoins, même s'il est vrai qu'on peut se féliciter de la résistance du ministre au forcing des nazis.