de & mise en scène Valère Novarina
Un jour nous apercevrons la fontaine aux sept mille verbes.
Ou en tout cas nous annoncerons que nous l’avons aperçue.
Valère Novarina
Vous qui entrez ici, dans l’oeuvre de Novarina, bienvenue sur une terre d’échos, musicienne plus que jamais, peuplée d’invraisemblables rengaines, de prières, de catalogues vertigineux, de performances verbales déshabillant l’idiome de haut en bas, de surprises satiriques ! Contrée dont nous autres francophones entendons l’un des dialectes qui s’y charrie, s’éboule, se casse et se réinvente – car cet idiome en éruption, à cascades et rebondissements, inouï et si reconnaissable, c’est du français virtuose de bouche, fait de rumeur et de grand large, et pas une phrase par ici qui s’achève comme on aurait cru, pas un mot, où ça ne risquerait pas de bi-, tri-, quadrifurquer, pas un instant qui ne renvoie à un état natif du langage. Cela dit, cette Képzeletbeli Operett nous transporte sur de nouveaux confins de ce paysage de paroles, du côté de la Hongrie, car il s’est trouvé une traductrice, Zsófia Rideg, pour accomplir ce tour de force qu’est l’élaboration d’un texte magyar de L’Opérette.
Alors ? Alors il y a théâtre. Énergique, enfantin, magique. Les comédiens se sont jetés corps et âme dans ce gouffre à mots en deux parties, pièce à trouées musicales sans cesse traversée par un mort mortel qui «chante jusqu’à ce qu’on le retue», passe et repasse, devient autrui et finit tout de même par avoir le dernier mot : «Oui». L’auteur et le compositeur ont été émerveillés par la troupe, «des acteurs surentraînés», affirme Novarina, «comme des gens du cirque».
Face à des interprètes formés à la grande école stanislavskienne, qui tentèrent d’abord de travailler sur la construction de leurs personnages, il a rappelé jour après jour que «le texte est la paroi qu’il faut monter», insisté sur les remous ponctuels suscités par la langue, et découvert «par l’oreille, par l’entendement» à quel point «l’acteur est un animal à vérifier les traductions». – Mais il y a aussi opérette. Car «après quinze jours de traversée de la langue à la nage», Christian Paccoud a réinventé toutes les chansons aux côtés de Lajos Pál, accordéoniste virtuose qui porte en lui les traditions savantes ou populaires de la musique de son pays.
Novarina en personne signe la mise en scène de cette version en langue hongroise (dont il confie dans L’Envers de l’esprit qu’elle est «de toutes les langues étrangères celle qui me touchait immédiatement et profondément comme une langue maternelle incompréhensible»). Christian Paccoud a dit un jour que «tous les spectacles de Valère Novarina sont des voyages» : s’ils le sont déjà dans leur langue (très) originale, que dire alors de cette Opérette, devenue Képzeletbeli avant de venir à Paris ? Chaque langue, au plus profond de son sens, est une musique et une joie.
Alors ? Alors il y a théâtre. Énergique, enfantin, magique. Les comédiens se sont jetés corps et âme dans ce gouffre à mots en deux parties, pièce à trouées musicales sans cesse traversée par un mort mortel qui «chante jusqu’à ce qu’on le retue», passe et repasse, devient autrui et finit tout de même par avoir le dernier mot : «Oui». L’auteur et le compositeur ont été émerveillés par la troupe, «des acteurs surentraînés», affirme Novarina, «comme des gens du cirque».
Face à des interprètes formés à la grande école stanislavskienne, qui tentèrent d’abord de travailler sur la construction de leurs personnages, il a rappelé jour après jour que «le texte est la paroi qu’il faut monter», insisté sur les remous ponctuels suscités par la langue, et découvert «par l’oreille, par l’entendement» à quel point «l’acteur est un animal à vérifier les traductions». – Mais il y a aussi opérette. Car «après quinze jours de traversée de la langue à la nage», Christian Paccoud a réinventé toutes les chansons aux côtés de Lajos Pál, accordéoniste virtuose qui porte en lui les traditions savantes ou populaires de la musique de son pays.
Novarina en personne signe la mise en scène de cette version en langue hongroise (dont il confie dans L’Envers de l’esprit qu’elle est «de toutes les langues étrangères celle qui me touchait immédiatement et profondément comme une langue maternelle incompréhensible»). Christian Paccoud a dit un jour que «tous les spectacles de Valère Novarina sont des voyages» : s’ils le sont déjà dans leur langue (très) originale, que dire alors de cette Opérette, devenue Képzeletbeli avant de venir à Paris ? Chaque langue, au plus profond de son sens, est une musique et une joie.
à lire L’Opérette imaginaire de Valère Novarina, P.O.L, 1998 – L’Envers de l’esprit de Valère Novarina, P.O.L, 2009
Source : theatre-odeon.fr
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