Les Furies du temps" est un spectacle qui a été présenté avec un vif succès au Centre culturel Bertin Poirée Paris 1er durant les soirées des 19 et 20 février 2016.
Il s'agit d'une véritable création franco-hongroise à laquelle ont donné naissance en s'unissant la Compagnie Agens, composée de Agens et de deux autres actrices Gál Eva et Deáky Szandra, Agens ayant conçu le chant et la musique de l'oeuvre, et la Compagnie cosmopolite du Pierrot Lunaire dont la fondatrice est Sylvaine Hinglais. Il est à noter que Sylvaine Hinglais, docteur ès-lettres, est également une auteure de plusieurs pièces dramatiques portant sur les conditions de la vie réelle, qu'elle monte elle-même avec sa compagnie du Pierrot Lunaire.
Selon la fiche technique du spectacle," la Hongrie et la France se rencontrent à travers le prisme des arts mêlés: musique danse et dramaturgie. De cette rencontre est né un spectacle tragi-comique, dont le héros serait le Temps, qui vole quand on est heureux, qui n'en finit pas quand on souffre, un temps, une époque aux prises avec ses furies?"
Apparaissent successivement Agens, une femme forte à la chevelure rousse et à la voix puissante dont le chant module une plainte grave et envoûtante, qui accompagne la gestuelle des autres actrices; L'une joue un personnage vieilli et brisé, l'autre est une jeune fille très belle pleine de vitalité et de joie. Ce sont en fait la même personne à deux périodes éloignées de leur vie.
La vieille handicapée trébuche, marche avec peine, quand elle se penche chaque geste est douloureux, infiniment lent, elle est entravée par un lourd bardas, qu'elle n'arrête pas de prendre et de déposer sans cesse un peu comme le boulet de Sisyphe. Elle ramasse un papier par terre, une lettre de papier qu'elle mange et déchiquète et recrache en mille morceaux de sa bouche, elle n'arrive à s'exprimer que par des onomatopées, des cris soudains et tout un lot de gestes saccadés, dans un mime qui se présente inévitablement comme tragi-comique, le temps s'étirant lugubre tandis que des trains passent à toute vitesse hors d'atteinte, qu'elle ne pourra jamais prendre.
A l'inverse, la jeune femme élégante dans ses sous-vêtements blancs vit dans la jouissance et l'empressement, elle pose ses mains sur ses seins nus en signe d'offrande rituelle, elle se laisse emporter avec frénésie par ces trains rapides qui la transporte vers des aventures inconnues, elle est dans le plein assouvissement de sa passion.
Les deux femmes s'ignorent, s'évitent, se dédaignent pour finalement se retrouver et s'embrasser dans une grande compassion.
C'est une méditation sur le temps qui s'écoule différemment selon les âges de la vie, pareil à la clepsydre, l'antique horloge à eau, dans laquelle le débit de l'eau ralentit au fur et à mesure qu'elle se vide.
A la fin du spectacle, les deux actrices pénètrent dans les rangs du public et viennent poser tendrement leurs mains sur la joue ou l'épaule de certains spectateurs en signe d'empathie avec eux.
Jean-Pierre Jasz ( Association Amitiés France-Hongrie)
mercredi 16 mars 2016
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