Le Mot de l’Ambassadeur
L’annonce de la tenue le 2 octobre
prochain du référendum hongrois sur les flux migratoires a donné lieu
dans la presse française à un certain nombre d’interprétations qui ne
reposent pas toujours sur une exacte appréciation de son contexte. C’est
pourquoi j’estime nécessaire d’apporter quelques précisions pour
clarifier les bases du débat, au niveau du libellé de la question, du
timing et de l’objet exact de ce référendum.
La question :
différentes traductions, plus ou moins heureuses, en circulent. Pour une
compréhension aussi proche que possible du texte original et officiel
hongrois, je propose la formulation suivante : « Approuvez-vous que
l’Union européenne puisse ordonner l’installation en Hongrie, à titre
obligatoire, de ressortissants non Hongrois sans l’accord de l’Assemblée
nationale ? »
Le timing : il a été écrit que cette annonce était
une « nouvelle provocation » (sic) de la part de la Hongrie,
particulièrement malencontreuse en plein Brexit. Erreur : il n’y a
aucune intention malicieuse dans ce timing. Le gouvernement avait
annoncé voici plusieurs mois la tenue de ce référendum, et si sa date
n’a pu être fixée que maintenant par le Président de la République,
quelques jours après le référendum britannique, c’est parce que la
constitution hongroise prévoit la possibilité de nombreux recours contre
sa tenue, qui ont tous été exercés par l’opposition et qui viennent
seulement d’être entièrement purgés.
L’objet : le référendum ne
concerne PAS la décision prise à la majorité qualifiée par le Conseil
des ministres européens de l’Intérieur le 22 septembre dernier. La
Hongrie a déposé contre cette décision un recours devant la Cour de
Justice de l’Union parce que nous estimons qu’elle a été prise en
contravention avec le mandat qu’avait reçu la Commission de la part du
Conseil Européen du mois de juin précédent. La Commission avait en effet
été mandatée pour préparer un projet de quotas de relocalisation des
réfugiés sur une base VOLONTAIRE. Si elle avait respecté ce mandat, la
Hongrie aurait très vraisemblablement voté le projet. Au lieu de cela,
le texte soumis au vote des ministres le 22 septembre comportait, contre
toute attente, une relocalisation OBLIGATOIRE. Une majorité de pays
l’ont malgré tout voté, la Hongrie et quelques autres s’y sont refusés.
Nous estimons en effet que le caractère obligatoire – outre la forme
contestable de son introduction – franchit, quant au fond, une ligne
rouge qui touche à un domaine régalien, celui du droit souverain de
chaque pays de ne pas se voir IMPOSER sa composition sociale ou
ethnique.
C’est pour se prémunir contre des déconvenues similaires
que le référendum actuel a été décidé. Ce référendum concerne donc le
futur, pas le passé. Il vise à donner au gouvernement hongrois une forte
légitimation populaire pour le cas où l’Union européenne persévérerait
dans son intention d’OBLIGER les pays membres à se plier à une
relocalisation IMPOSEE des réfugiés. Ni le gouvernement hongrois, ni la
Hongrie ne sont par principe hostiles à l’accueil des réfugiés. Le
libellé de la question l’atteste, qui laisse juge l’Assemblée nationale.
Notre pays a toujours laissé entrer, et laisse entrer tous les migrants
qui le font légalement et examine leur demande d’asile sur la base des
conventions internationales applicables. Ce que nous n’admettons pas,
c’est qu’on nous force la main. Nous n’acceptons pas les entrées
illégales, et nous n’acceptons pas non plus que des tiers – fût-ce
l’Union européenne – nous dictent qui nous devons faire entrer dans
notre pays. Dans un domaine aussi sensible que celui-là, chaque
Etat-membre de l’Union doit conserver le droit de décider
souverainement. Certains d’entre eux considèrent le phénomène migratoire
comme une opportunité. Nous respectons ce choix. Nous avons fait quant à
nous un autre choix, et nous attendons qu’il soit également respecté.
Nous voyons dans la compréhension et le respect de la position de
l’autre une valeur européenne fondamentale. Il nous paraît tout à fait
normal que dans une Europe à 27 ou à 28, tous les pays n’aient pas la
même approche sur un phénomène qui affecte aussi gravement l’avenir de
leurs sociétés respectives. L’Europe ne s’en trouvera certainement pas
affaiblie, bien au contraire.
Source : Page Facebook de l'Ambassade de Hongrie à Paris
lundi 18 juillet 2016
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