jeudi 17 mars 2011

Agnès Heller, philosophe hongroise

"Agnès Heller était l’invitée hier soir [14 mars 2011 NDLR] du Collège international de philosophie, invitée d’honneur mais pas pour un dernier livre ni l’introduction d’un colloque savant. Agnès Heller était à Paris pour une chose plus grave.

Pour recevoir le soutien de philosophes européens et d’un public averti, au rendez-vous. Car elle est, dans son propre pays, la Hongrie, victime d’une campagne de dénigrement. Elle a été taxée de « philosophe libérale », traduisez dans la bouche de ce pouvoir d’ « intellectuelle d’opposition » ou « diabolique » ou même « antipatriotique », avec un léger sous-entendu antisémite.

En un mot, cette dame de 81 ans, universitaire de renom, est l’ennemie du nouveau gouvernement de Victor Orban. La cabale la désigne comme principale responsable mais le procès intenté aux intellectuels est plus large. Six philosophes sont ciblés, choisis parce qu’ils constituent le panel idéal pour criminaliser tous ceux qui mettent en cause la politique du gouvernement. On les accuse d’avoir détournée 2 millions d’euros ; ils sont surtout désignés à la vindicte pour avoir dénoncé (notamment) les lois contre les médias, lois scélérates, qui ont valu à la Hongrie les réprimandes de Bruxelles. Et qui depuis, d’ailleurs, ont été en partie amendées.

Sa surprise devant cette attaque, Agnès Heller n’en fait pas mystère : « Pendant des années, écrivait-elle dans un article traduit par Le Monde, j’ai cru que la philosophie était devenue une discipline universitaire comme les autres, une profession préoccupée par son propre passé et la muséification de son histoire, n’intéressant que ses représentants. »" A écouter et lire sur franceculture.com

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