Abstraction contre figuration, cette fausse querelle qui a un moment échauffé les esprits, est heureusement depuis longtemps dépassée. Elle n'aurait sans doute pas existé si le mot « abstraction», tiré du champ de la philosophie et appliqué à l'art, n'avait prêté à de nombreuses confusions. En effet, peindre ou sculpter c'est toujours « abstraire », ou extraire des éléments du réel pour les re-présenter en dehors de leur contexte perceptif ou affectif. Mais n'est-ce pas la caractéristique-même de l'œuvre d'art que d'abstraire le sujet du tableau de son contexte ?
Les artistes que nous présentons, sont résolument non figuratifs. Mais ils n'ont pour autant pas déserté la réalité. Pour eux, comme pour toute la modernité en art, le réel ne se borne pas aux apparences perceptives, mais est aussi intérieur, subjectif... L'artiste invente et rend visible (Paul. Klee ). Il peint le monde qui l'habite et le monde qu'il habite. Ainsi, depuis toujours, se dressent des ponts vers nos réalités particulières.
8, rue Alfred Stevens
Paris 9ème (métro Pigalle)
Contact : Marianne RILLON : 06 52 34 98 24
contact@galerie-art-aujourdhui.com
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La peinture de Laurence Innocenti nous invite au voyage. Mais point
d'exotisme ! c'est un voyage immobile, intérieur, le regard et l'imagination aux
aguets. La beauté du monde est là, tout simplement, et l'artiste la recueille
comme un fruit précieux. « Je peins les couleurs du ciel et de la mer azur, les
fleurs et les fruits de mon jardin, le rouge de la cerise, le violet de la figue mure,
le jaune du tournesol, et, plus doux, le rose de l'enfance », écrit-elle. Cette
présence au monde intuitive et sensuelle, s'incarne dans des territoires
poétiques. L'abstraction du langage pictural exprime le concret de la nature. La
terre et l'eau, le vent et la lumière sont source d'harmonie. Le bonheur de
peindre se confond au bonheur d'exister dans l'immédiateté du présent
toujours renouvelé.
Istvan PETO
Istvan Peto cultive la toile comme un jardin potager. Des formes aux allures
botaniques en envahissent les parcelles en jachère. La peinture d'Istvan PETO
n'est jamais où on l'attend. La délicatesse et la subtilité nuancée des jaunes s'y
enracine parfois dans les gris, tandis qu'ailleurs, le cri flamboyant d'un rouge
orangé sature le regard. Les parcelles se juxtaposent, s’imbriquent, se
superposent. Le sentiment du fragmentaire s'impose, simulant l'apparente
discontinuité de la croissance végétale. Pourtant la composition,
intuitivement organisée, répond à un principe de nécessité. La pratique
exigeante de la gravure, le mélange savant de ses techniques cultivent cette
discipline du jardinier asservi au temps discontinu des saisons. Istvan PETO
maitrise la fertilité envahissante de son jardin intérieur, tantôt avec douceur,
par le tracé délicat, presque gracile, d'une fleur évanescente, tantôt avec la
violence d'un graffiti noir, épais, broussailleux. Et de disparates en paradoxes,
chaque œuvre trouve sa cohérence interne et nous invite à une promenade où
notre regard, toujours étonné, conserve la fraîcheur de l'émotion première.
Laurence INNOCENTI
Janos KALMAR
Notre question titre est depuis toujours au centre de la réflexion et de l’œuvre sculpté de Janos Kalmar. Pourtant, paradoxe apparent, Kalmar jette dans le bronze (à moins que ce ne soit dans les très récents géo-polymères), des « figures » qui renvoient à des thèmes récurrents de la statuaire classique, Homme debout, Figure allongée, Figure assise sur le sol, Situation d'attente, Figure étirée, Garçon assis... Mais ses « Figures » tendent vers un homme idéal, abstrait de toute contingence. Aucun portrait ni anecdote figurative ou à fortiori naturaliste. Cette tendance à l'abstraction soustrait en quelque sorte l’œuvre au flux des événements, elle l'élève, la libère de toute incidence, ce qui la rend autonome ( Worringer, cité Par J. K.). Janos Kalmar évoque donc l'humain dans sa présence intemporelle et générale. Ses figures sacralisent l'espace, le scandent de leur gestuelle immobile et silencieuse en autant de signes minimaux qui marquent la juste proportion du plein et du vide. Cela donne un sentiment de monumentalité jusque dans les pièces de petite taille. Mesure, proportions, contraste des matériaux, continuité tranchante de la pièce avec son socle, y renouvellent toutes les formules de la modernité sculpturale de Constantin Brancusi à Henry Moore. L'espace vibre et dialogue avec l'esprit.
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