La librairie
Ombres Blanches et
L’Association Franco-Hongroise de Midi-Pyrénées
présentent
Rencontre avec ANDRÁS KÁNYÁDI
autour du livre qu’il a dirigé et coordonné
« La Fortune littéraire de Sándor Márai »
(Editions des Syrtes)
Vendredi 21 septembre 2012 à 18 heures
à Ombres Blanches, 50 rue Gambetta à Toulouse
Rencontre animée par Yvette Goldberger-Joselzon
En 1992, le public français redécouvrait l’œuvre du romancier hongrois Sándor Márai, célébré dans son pays dans l’entre-deux-guerres comme maître du roman psychologique, puis occulté sous le régime soviétique, poussé à l’exil en 1948 et mort suicidé aux États-Unis en 1989. Quelques mois après la chute du rideau de fer, les Hongrois redécouvraient ses chefs-d’œuvre, traduits depuis dans une vingtaine de langues. Des chercheurs hongrois et français répondent ici à la question: Márai est-il un grand classique de la littérature européenne ou un « auteur culte » fabriqué par les politiques éditoriales occidentales après la chute du mur?
À ses débuts, Márai fait paraître des recueils de poésie sans retenir l’attention. Après des années d’errance en Allemagne et en France, il rentre à Budapest. Grâce à la politique culturelle florissante de la Hongrie, son troisième roman, Les Révoltés, est aussitôt traduit puis édité en France et en Espagne. En 1948, la censure interdit la diffusion du dernier volume des Froissés, ce qui le pousse à partir, entraînant son oubli… en partie volontaire puisque l’auteur interdit lui-même la parution de ses œuvres dans la Hongrie communiste. Il faudra attendre la chute du mur et la relance des littératures « de l’Est », pour que Márai fasse une percée mondiale grâce au succès italien des Braises.
Tantôt rapproché de Kundera ou de Stefan Zweig, Márai est un mélange de haute culture et de fantaisie créatrice. Avant tout romancier (plus de vingt romans dont Le Boucher et L’Oeuvre des Garren), il est aussi auteur de pièces de théâtre, d’articles, de récits de voyage (La Patrouille à l’Empire du coucher du soleil), et mémorialiste (Mémoires de Hongrie). Son chef-d’œuvre restant – pour la critique hongroise – son Journal, tenu de 1944 à sa mort, pas encore traduit en français.
Dans son oeuvre prolifique, il aborde les thèmes du triangle amoureux, du mariage, des retrouvailles, du bonheur impossible (Paix à Ithaque et Métamorphoses d’un mariage) ; le conflit des générations, dans les Révoltés ; le conflit entre individu et pouvoir (À Rome, il s’est passé quelque chose); la décadence de la culture européenne et la montée de la barbarie, dans ses romans de maturité ; la mort avec La Sœur ; l’exil, thème très personnel qui apparaît dès son deuxième roman, Étrangers, et gagne en prégnance après le départ définitif dans Le Miracle de San Gennaro. Le thème majeur de L’Oeuvre des Garren est sa ville natale, la mythique Cassovie, emblème de l’existence et de la culture bourgeoise.
Ce sont toutes ces thématiques que La Fortune littéraire de Márai aborde. Fruit d’une collaboration interdisciplinaire, cet ouvrage crée les prémices de l’étude critique de Márai en France.
Sándor Márai (1900-1989). Né à Kassa dans une famille de la grande bourgeoisie d’origine allemande, il fit ses études à Leipzig, puis vécut à Francfort et Berlin, avant de rentrer en Hongrie se consacrer à l’écriture. Opposé à toute forme de domination politique, il se refusera avec détermination à une Hongrie alliée à l’Allemagne. En 1948, il choisit l’exil, en France, en Italie, puis en Californie où il s’installera définitivement.
András Kányádi, maître de conférences à l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), est l’auteur de Topographie de l’imagination (Kluj, Komp-Press 2010), et éditeur de Figures mythiques en Europe Centrale (Paris, Institut d’études slaves, 2010)
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