samedi 18 janvier 2014

Démangeaisons extimistes par Flora

Le mot “extime” n'est pas nouveau: ce néologisme a été conçu, sans doute par Lacan, pour l'opposer à “l'intime”. Il signifie le fait d'exposer à l'extérieur ce qui est de la sphère intime.
Avec la révolution informatique, des réseaux sociaux qui nous englobent dans leur Toile irrésistible, nous avons, certes, la liberté de dévoiler ou non cette intimité, en montrer la parcelle que nous souhaitons.
Pourtant, nous constatons une véritable explosion de l'étalage fugace et planétaire des existences inconnues. Et qui le resteront probablement, malgré les images, les selfies narcissiques, momentanés et sans intérêt, sauf peut-être pour la poignée de connaissances réelles parmi les milliers “d'amis” dont on espère qu'ils apposeront leur “like” fugitif sur la publication...
Pourquoi cette démangeaison frénétique? Images souvent truquées de pauvres bêtes tournées en ridicule, appelées à provoquer l'hilarité de bas de gamme, grimaces ou regard pénétrant, supposé inspiré, de l'auteur d'un autoportrait devant la glace de sa salle de bain, voire plus intime encore, n'apportent qu'une existence plus qu'éphémère...
Faut-il vivre une grande solitude, un vide sidéral pour espérer le combler de cette façon...
Quelle différence, après tout, avec les poètes et écrivains qui puisent souvent l'inspiration dans leur propre vie, dissimulée ou non sous le voile bienveillant de la fiction?
Justement, il faut de la matière première pour puiser dans la profondeur d'une mine et la remonter à la surface. Un intérieur riche peut donner naissance à une extimité qui tend à l'universel.
Contrairement aux tentatives désespérées de se créer à l'extérieur, afin de colmater un vide intérieur.
Rozsa Millet
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