32°
dans le sud de la Hongrie en ce printemps qui joue à l'été précoce,
alors que, à Pâques, un mois auparavant, il grelottait sous la neige.
Mon cinquième voyage en un an.
Nous
sommes nombreux à entourer un coffret en forme de cercueil réduit.
Difficile d'imaginer ma mère à l'intérieur... Dans un cercueil « normal
», on visualise le défunt allongé dans le linceul blanc, prêt à
rejoindre sa dernière demeure. Pour l'éternité.
Une
vie de 84 ans réduite à une poignée de cendres. Une personne à
l'ampleur si imposante, qui occupait une si grande place dans la vie des
siens... D'un moment à l'autre, réduite à une poignée de poussière.
Quelle leçon pour nous, les survivants ! Dépassant de loin les paroles
lénifiantes de l'homme d'église dont la tâche consiste à guider ceux qui
restent, vers la consolation.
Nous
rendons hommage à la petite boîte métallique scellée dans le cercueil
saugrenu qui porte le nom et l'âge de ma mère. Je coupe définitivement
le cordon ombilical qui me reliait à elle. Un lien parfois oppressant,
souvent culpabilisant par l'amour démesuré qu'elle portait aux siens. Un
amour qui enchaînait, qui ligotait mais qui donnait l'impression de
servir de solide rempart contre la mort... Plus de bouclier désormais,
plus de chaînes non plus.
Nous
autres en sursis, nous l'accompagnons jusqu'à la tombe où une place
l'attend auprès de mon père. Notre propre existence si éphémère, et
pourtant d'une importance démesurée, nous scrute du fond du trou, tandis
que les employés des pompes funèbres replacent la dalle, la recouvrant
des fleurs. Nous rendons hommage en pleurant à une poignée de poussière.
Et surtout, à sa mémoire qui nous habite déjà, embellie, apaisée.
Flora
Le blog de Flora en français
Flora magyar blogja
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