A tous ceux qui ricanent avec hauteur dès qu’un
artiste parle de politique, il faudrait montrer le Budapest Festival
Orchestra et Ivan Fischer. Voilà une formation de tout
premier ordre, dirigée par un des chefs les plus élégants de notre
époque ; ils ne font pas mystère du dégoût que leur inspire le
gouvernement de Viktor Orban ; ils en payent le prix fort, subissent les
remontrances publiques du maire de Budapest, voient leur budget
raccourci et leurs activités menacées ; ils continuent à faire résonner,
dans les salles du monde entier, une excellence qui, tournant le dos à
l'uniformité, assure, mieux que les discours nationalistes, la défense
d’une identité culturelle solide et fière.
Et quelle identité ! Elle s'impose déjà chez Beethoven, rayonnante et affirmée dans une 1ère Symphonie résolument
classique ; elle laisse la fantaisie jaillir du dialogue entre les
instruments qui, à chaque instant, peut souligner une nuance comme on
dirait un mot d'esprit. Elle dit toute sa force dans Le Chant de la Terre de Gustav
Mahler ; elle comprend chaque inflexion d'une musique qui se réfère
tant aux chants populaires de l'Europe Centrale ; elle saisit chaque
revirement d'une oeuvre prise souvent comme un cycle de Lieder, voulue
pourtant en symphonie par son compositeur." La suite sur forumopera.com
dimanche 12 mars 2017
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