Une rencontre avec Judit Reigl, c’est l’éblouissement de pénétrer une œuvre totalement singulière et universelle, une œuvre humaniste qui échappe à toute classification. «Mon travail n’est que mouvement », souligne l’artiste aujourd’hui âgée de quatre- vingt-sept ans, toujours active, qui à travers son œuvre n’a cessé de passer par cycles de l’abstraction à la figuration.
Au grand dam de certains conservateurs ou critiques, séduits par l’abstraction de ses Écritures en masse, puis hostiles à la série figurative Homme, amorcée en 1966. « Pour moi, cela vient tout naturellement », insiste Judit Reigl, dont les principes d’abstraction et figuration, mort et résurrection, disparition et renaissance, ne sont que les deux côtés du miroir, les deux facettes d’une même réalité.
dans son atelier règne un chaos organisé. Insoupçonnable, à l’abri d’une discrète maison d’un village près de Paris, il est comme un secret laboratoire. Telle l’échelle de Jacob, une modeste échelle de meunier permet de grimper dans l’atelier niché dans le grenier de la petite maison. On marche sur les esquisses, les oeuvres sont partout : corps flottants éthérés, calligraphies mystérieuses d’un paysage intérieur. Les toiles surgissent avec force, avec une présence entêtante, auprès de grands châssis parfois vides, sous les poutres souvent peintes elles aussi. Gravité et énergie émanent de la personnalité de Judit Reigl, parfois un peu abrupte mais animée d’une remarquable générosité.
Le regard est intense et le caractère bien trempé, pudique aussi. À ses pieds se déploient ses derniers Déroulements, une frise débutée en janvier dernier, chemin sans fin de calligraphies, à la fois danse et dessin, chorégraphie et écriture automatique des surréalistes, qu’elle continue d’accomplir dans une sorte de peinture gestuelle, d’Action painting. Née en 1923 dans la petite ville thermale de Kapuvar en Hongrie, Judit Reigl a eu le cran de franchir le Rideau de fer en 1950 après huit tentatives, avec le rêve d’arriver à Paris et de devenir peintre. Rapidement intégrée dans les cercles d’artistes hongrois, elle est accueillie par Simon Hantaï et sa femme, puis par le peintre Antal Biro, qui l’installe à la Ruche.
Pour lire la suite : Magazine Connaissance des Arts décembre 2010
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