dimanche 13 novembre 2016

AMOUR, la leçon d’humanité de Károly Makk

Propos du réalisateur recueillis par Eugénie Malinjod pour Cannes Classics

En 1971, le réalisateur Károly Makk remporte le Prix du Jury à Cannes avec Szerelem (Amour), dans lequel il dépeint les relations humaines sur fond de climat politique dictatorial.
Dans quel contexte avez-vous écrit le scénario ?

Le film rapporte les changements politiques qui se sont produits après la guerre. La Hongrie était gouvernée par une dictature qui n’hésitait pas à exécuter des innocents ou les mettre en prison pour de fausses accusations. Szerelem est une adaptation de deux nouvelles écrites par un auteur hongrois, Tibor Déry, dans lesquelles il fait part de son vécu. Lorsqu’il était en prison, sa mère l’attendait à la maison et n’était pas au courant du lieu où il se trouvait. Pour qu’elle n’apprenne pas la vérité, sa femme écrivait des fausses lettres à sa mère, lui disant qu’il était parti en Amérique.

Quelles contraintes avez-vous rencontrées lors de la réalisation du film ?


Premièrement, j’avais besoin d’avoir la permission de l’écrivain pour l’adapter. Ensuite, les pays de l’Europe de l’Est étaient confrontés à la censure et nous ne pouvions pas produire de films librement. J’avais donc également besoin de la permission du gouvernement pour réaliser ce film. Je leur ai demandé chaque année pendant six ans avant qu’ils cèdent et me l’accordent, finalement.

Comment avez-vous travaillé le montage du film ? Quelles étaient vos intentions en termes de montage ?

Je trouvais que l’histoire n’était pas assez riche. Quand on adapte un livre, il faut se rendre à l’évidence, le film n’a pas le même pouvoir que la littérature en termes de récit. Je souhaitais ajouter quelque chose. Dans le cas de la mère par exemple, je trouvais ennuyeux de la montrer simplement couchée dans son lit. Je voulais exposer ses sentiments, ses rêves, de manière visuelle. J’ai finalement décidé de représenter l’histoire à travers d’autres petites histoires. Et c’est pourquoi en termes de montage, il n’y a pas de structure linéaire.

Vos acteurs sont très intimes dans le film. Comment l’alchimie s’est-elle créée entre eux ?


Ce sont de très bons acteurs, voilà tout ! En Hongrie, l’industrie du cinéma est restreinte. Par conséquent, tout le monde se connaît et ça a rendu le tournage plus facile.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de mener le film vers une fin heureuse ?

Si vous voulez raconter une histoire d’amour, une fin heureuse est toujours une bonne solution. Les gens sont convaincus et en même temps, n’y croient pas. Je voulais que le public pleure de joie.

En salles en France à partir du 21 décembre 2016

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