mardi 16 octobre 2012

Árpád Schilling : Noéplanète

17-26 octobre
Théâtre National de Chaillot | 1, place du Trocadéro 75116 Paris
Renseignements et réservation : +33 1 53 65 30 00
Depuis le 5 septembre et les premières répétitions au Théâtre National de Chaillot, l’équipe artistique de Noéplanète s’étoffe progressivement et la dynamique s’accélère ! Le plateau de la salle Jean Vilar, le Studio et les espaces de répétition du théâtre vivent au rythme d’un processus passionnant, fragile et précieux, celui de la création. Retour sur ces semaines de répétitions en compagnie de certains membres de l’équipe qui entoure Arpad Schilling, avant un premier rendez-vous avec le public, vendredi 12 octobre, pour une soirée de projections de ses films à l’Institut Hongrois de Paris.


À une semaine de la première, nous pouvons maintenant préciser certaines choses et en profiter pour apprendre le hongrois. Commencer du moins. Le mot-clé du spectacle, le mot duquel Noéplanète est issu, est választ (prononcer "valosst"). Választ est un mot qui recouvre en français plusieurs significations : choisir de faire quelque chose, faire le choix de quelque chose, mais aussi sélectionner quelqu’un, ou encore élire. Le français fait la nuance, le hongrois dit választ. Fin de la première leçon. Il est déjà suffisant de sentir la possible racine commune de ces actions. Nous passerons à la pratique dans la prochaine leçon. La séparation : Pour les artistes, les deux semaines de répétition qui viennent de s’écouler ont été consacrées au travail des différentes scènes sans tenir compte de la technique. De son côté, l’équipe technique française préparait le retour sur le plateau de la salle Vilar sans savoir réellement comment progressait la matière créée par les artistes. En Hongrie, le film finissait d’être monté tandis que la musique originale était composée et enregistrée en studio. Aujourd’hui les éléments commencent à entrer en interaction les uns avec les autres : ce que cela donnera comme vie particulière dans une semaine, nous sommes impatients de le savoir. Voici comment trois artistes du spectacle ressentent et pensent le travail. 

« Au commencement était le choix. Moi choisissant de passer l'audition. Arpad me choisissant. Des choix qui s'ajoutent à la liste des milliards de choix faits depuis que l'homme est Homme, depuis le choix fondateur : Adam choisissant la pomme. Choix par excellence de la désobéissance. Mais aussi de la liberté. Disséquer le mécanisme du choix pour questionner le simulacre de liberté qui nous entoure. Voilà ce qui m'a tout de suite stimulé dans le projet Noéplanète. Mais le jeu fut dangereux. En tant qu'acteur, disséquer le choix ne peut se faire sans passer par une introspection. Et moi pourquoi ai-je été choisi ? Parce que je suis arabe ? Parce que je suis noir ? Parce que je suis sexy ? Parce que je suis gros ? Pour le quota « suisse » ? Alors il faut accorder sa confiance. A l'autre, à soi-même, au projet. Accepter de n’être qu'un maillon d'un spectacle, comme de la société. Mais un maillon pensant. A même! de comprendre quand l'heure est au choix de la désobéissance. » Karim Bel Kacem.

« Dans mes propres recherches et travaux chorégraphiques, je fonctionne beaucoup par intuition. La notion d'intuition et de confiance est, pour moi, au cœur de la rencontre artistique. Même si la personne d'Arpad reste à distance, je sens qu'il est lui aussi une personne d'intuition. C'est pour cette raison que j'ai accepté de m'engager dans ce projet et de lui accorder ma confiance, malgré ce que je soupçonnais du caractère dangereux et ambigu du sujet de sa pièce. A ce stade de la création, je dois redoubler de confiance pour faire le sale boulot qu'il me demande. J'ai besoin de croire en sa mise en scène pour pouvoir incarner ce rôle cliché de femme que je ne suis pas mais que j'aurais pu être, mais surtout, qui me renvoie à une image de femme soumise trop connue sur cette planète. J'ai l'impression que sur scène nos corps vont témoigner de l'horreur des situations humaines et sociales actuelles. Ce travail va demander beaucoup de chacun, étant donné le trouble que la création peut instaurer entre ses propres histoires et les fictions en jeu. J'ai le sentiment de devoir prendre sur moi pour rester saine et sauve au sein de ce processus de création, qui reprend tels quels des rapports de pouvoir que je travaille à fuir constamment dans mon quotidien. La stratégie d'Arpad, me semble-t-il, c'est de traiter le mal par le mal. C'est une façon de faire. Je reste engagée dans ce projet comme je le suis dans ma vie artistique et personnelle. Je suis aussi terriblement curieuse du résultat final et notamment de l'impact à long terme sur les spectateurs. » Émilie Combet
 
« Qu’est-ce-que je choisis de faire ? Qu'est-ce-que je ne choisis pas ? C'est un des thèmes du spectacle qui est le plus fort selon moi, un moteur de recherche dans cette création et dans mon travail personnel. Ce que je ne choisis pas prend finalement beaucoup plus d'espace et m'intéresse finalement davantage. Ce qu'on choisit pour moi, ce que je renvoie comme image ou comme état de moi-même à l'autre ne me plait pas forcement. Je n'ai pas choisi de renvoyer cela de moi et pourtant cela me plait d'être cette autre chose que l'on voit de moi. Je choisis de jouer et d'accepter mon jeu. Je choisis de ne pas jouer, un jeu se produit malgré moi. Je joue toujours. Les expériences que je m'amuse à faire (dans la rue, le métro, la vie...) me confirment que les gens veulent jouer. Les gens aiment se prendre au jeu de quelque chose ou de quelqu'un. Moi j'aime ça. Y croire. J'aimerais pouvoir dire d'autres choses... Mais non. Je p! ense que tout le monde est fou. » Élisa Ruschke

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