mardi 9 octobre 2012

La parole en héritage par Flora

Parfois, de la part des visiteurs de mes blogs, je reçois d'amicales incitations qui me poussent à réunir mes souvenirs dans un même récit, pour les partager avec des lecteurs éventuels dont je peine à concevoir l'existence... Outre le fait que le flot ininterrompu des "mémoires" qui inonde les étals me prouve le peu d'originalité de l'entreprise, je n'aime pas m'imaginer Mère-Grand au coin du feu, égrenant ses souvenirs à ses ouailles somnolentes, tricot interminable sur les genoux...
A-t-on besoin de ce genre de « bonne raison » pour justifier son envie irrépressible de se mêler au grand jeu de l'écriture ? Parfois, c'est vrai, on en meurt d'envie... pour vivre, justement. Comprendre, c'est pouvoir vivre. Ou alors, c'est la rupture, celle du voile bienfaisant qui protège et qui autorise toutes les versions.
La fiction favorise le tri entre le dicible et l'indicible. Elle aide à protéger les intimités secrètes qui ne sont pas les nôtres, pas seulement les nôtres...
Mon enfance a été bercée d'histoires. Gourmandise de mon père à se laisser littéralement transporter sur les lieux même de ses souvenirs - et transporter son auditoire captivé avec lui... Le soin perfectionniste de ma mère à rester fidèle au moindre détail, avec le frémissement de l'émotion qui vous permet de vous   approprier les histoires... Les récits insolites de mes deux grands-pères aux yeux bleus, que la Grande Guerre a transformés en aventuriers globe-trotters...
Suis-je dépositaire de leur mémoire, dois-je en profiter pour restituer ce qu'ils m'ont transmis ? Une façon de rester fidèle en leur redonnant la parole, mon héritage? Même dans une langue d'adoption...
Flora

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