Parfois,
de la part des visiteurs de mes blogs, je reçois d'amicales incitations
qui me poussent à réunir mes souvenirs dans un même récit, pour les
partager avec des lecteurs éventuels dont je peine à concevoir
l'existence... Outre le fait que le flot ininterrompu des "mémoires" qui
inonde les étals me prouve le peu d'originalité de l'entreprise, je
n'aime pas m'imaginer Mère-Grand au coin du feu, égrenant ses souvenirs à
ses ouailles somnolentes, tricot interminable sur les genoux...
A-t-on
besoin de ce genre de « bonne raison » pour justifier son envie
irrépressible de se mêler au grand jeu de l'écriture ? Parfois, c'est
vrai, on en meurt d'envie... pour vivre, justement. Comprendre, c'est
pouvoir vivre. Ou alors, c'est la rupture, celle du voile bienfaisant
qui protège et qui autorise toutes les versions.
La
fiction favorise le tri entre le dicible et l'indicible. Elle aide à
protéger les intimités secrètes qui ne sont pas les nôtres, pas
seulement les nôtres...
Mon
enfance a été bercée d'histoires. Gourmandise de mon père à se laisser
littéralement transporter sur les lieux même de ses souvenirs - et
transporter son auditoire captivé avec lui... Le soin perfectionniste de
ma mère à rester fidèle au moindre détail, avec le frémissement de
l'émotion qui vous permet de vous approprier les histoires... Les
récits insolites de mes deux grands-pères aux yeux bleus, que la Grande
Guerre a transformés en aventuriers globe-trotters...
Suis-je
dépositaire de leur mémoire, dois-je en profiter pour restituer ce
qu'ils m'ont transmis ? Une façon de rester fidèle en leur redonnant la
parole, mon héritage? Même dans une langue d'adoption...
Flora
Le blog de Flora en français
Flora magyar blogja
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