Nouvelles
alarmantes, eaux gonflées par la fonte des neiges et des pluies
torrentielles... Après l'Allemagne, l’Autriche, la République Tchèque,
nous savions que la prochaine étape serait la Hongrie.
On
peut suivre le Danube qui part d'une maigre source de la Forêt Noire en
Allemagne, devient peu à peu le fleuve majestueux qui relie les pays
d'une bonne partie de l'Europe, cueillant au passage des affluents
puissants, pour les amener jusqu'à la mer Noire. Large, paresseux, c'est
un fleuve des plaines qui prend ses aises à travers six pays pour se
répandre dans les ramifications de son delta en Roumanie.
La
Hongrie, bassin entre les Carpates et les Alpes, est habituée aux
dangers des eaux, aux inondations dévastatrices et aux luttes
incessantes contre elles. Depuis plus d'une semaine, sur les réseaux
sociaux, des images et des témoignages se succèdent, montrant les
chaînes des milliers de bénévoles aux côtés des pompiers, des militaires
et d'autres professionnels de la défense contre les dégâts des eaux, se
relayant jour et nuit pour renforcer les digues, remplir et placer
inlassablement les innombrables sacs de sable. D'autres qui se
mobilisent spontanément pour les ravitailler. C'est devenu une cause
nationale. Les tiraillements, les querelles politiques souvent stériles,
les calculs électoraux se sont tus, plus probablement ont déclaré un
armistice fragile qui ne signifie sûrement pas la fin des hostilités.
Les
gens redécouvrent brièvement la fraternité, la cohésion dans un pays
qui se détruit à petit feu dans une cassure alimentée par des
arrières-pensées de lutte pour le pouvoir. Dix millions de sacs de sable
remplis, un par habitant, en tenant compte des nourrissons et des
grabataires. Roms ou pas Roms, ils travaillent main dans la main sur les
digues de fortune. Je lis partout l'enthousiasme et l'admiration pour
ce sursaut national, qui se terminent souvent par un appel à l'adresse
des politiques : « Fichez-nous la paix avec vos basses manœuvres et vos
manipulations au service de vos ambitions, laissez-nous entre gens de
bonne volonté ! »
Je sais, je sais, nous ne vivons pas au pays des bisounours… Demain sera un autre jour.
Rozsa Millet
rozsatatar(AT)wanadoo.fr
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