Péter Nádas dans son œuvre refuse de dissocier fiction et essais.
Cependant, ses textes les plus réflexifs sont moins connus en France que
ses romans.
La présente prose méditative, Mélancolie,
a été publiée par l’écrivain en 1988. Tout entière consacrée à
l’analyse d’un tableau du peintre romantique allemand Caspar David
Friedrich, elle constitue, avec les reproductions des œuvres commentées,
un merveilleux petit livre d’art. Le paysage dont il est question est
une marine conservée dans un musée de Berlin qui, nous dit Nádas, permet
de contempler « le plus vaste des espaces inimaginables », le vide qui
lui paraît résider au cœur même du mot hongrois qui désigne la
mélancolie. À partir de là, le texte est à la fois une description
minutieuse du tableau, une méditation sur la mélancolie, et une plongée
dans ce qui se passe en nous lorsque nous le contemplons. La description
du processus créateur de Friedrich, à partir des quelques tableaux dont
nous disposons qui permettent d’imaginer les conditions de son atelier,
est fascinante. Tout comme la réflexion sur l’intrication chez l’homme,
entre images et concepts, entre savoir et sentiment, entre esprit et
âme que Nádas découvre dans le tableau de Friedrich mais qui est aussi
au cœur de son œuvre propre. Une réflexion aussi tourbillonnante et
vertigineuse que les nuages représentés par le peintre, dans lesquels
Nádas finit par reconnaître la figure mystérieuse de Protée.
Traduction du hongrois
par Marc Martin
Avec des reproductions en couleur des œuvres de Caspar David Friedrich et Georg Friedrich Kersting
Format : 117 x 170
80 pages • 15 euros
Éditions : Le bruit du temps
Mise en vente : 19 mars 2015
mercredi 24 juin 2015
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